[En pause] Guide de l'Ennemie.

Dites-moi que je rêve ! Elle se trouve face à moi en ce moment meme, elle me regarde, de ses yeux perçants. Elle me scrute.

S'il y a bien une chose ou une personne que je ne voulais pas voir.. le destin s’acharne-t-il sur moi ? D’abord me faire rencontrer cet homme et me l’enlever, puis ensuite me mettre face à ma pire ennemie pendant une durée indéterminée ?!
Aucune de nous deux ne fait le premier pas vers l’autre. Aucune de nous deux parle.
Il se passe des secondes interminables, le temps semble arrêté autour de nous.

Puis elle s'avance vers moi, calme, comme si rien ne s'était passé. Tiens elle me sourit. Je ne vois pas pourquoi elle sourit, il n’y a pas de raison de sourire !

Et m’enlace.

Comment ?! Elle m’enlace ?

J’ai un gros problème: je suis gentille. Trop gentille. Alors me voilà en train de répondre à son étreinte.

- Sophie, je ne pensais pas que c’était toi qui venais vivre avec ma belle-mère ! C’est pour ça que le nom me disait quelque chose !
Toujours ce sourire.

- Moi non plus je ne pensais pas.. “Fibela”est le nom de la propriétaire, qu’elle surprise de te trouver la.

Vous vous doutez bien que mon ton n’est pas très sympathique. Je n’ai aucune raison de l’être avec elle.

Elle ne s’arrêtera donc jamais de sourire ?! Je vais lui coudre les lèvres entre elles si ça continue ! Elle m’entraine dans la maison, en me tenant la main. Heu... je ne comprends vraiment pas.

Nous étions que toutes les deux, et nous resterons toutes les deux..

Elle me dit de visiter la maison seule, car elle avait des choses à faire et qu’elle devait sortir. Quoi donc ? Piquer un mec à une fille ? Cela m’étonne qu’elle me laisse chez elle toute seule. Je fais un sourire forcé, il n'y a aucun soucis.

Malgré moi, cette maison me plaisait. Un très beau piano à queue était dans la pièce principale, ce qui me charme de suite. Quand Hélène n’est plus dans les parages et dans mon angle de vue, je vais mieux.
Ce n’était pas un grande maison non plus, pour 2-3 personnes je dirais. Petite cuisine, petit salon. De très beaux tableaux.
Ce fut une visite rapide, je suis ravis de vous apprendre que j’ai ma propre chambre.. mais elle est minuscule.

Je m’assois sur la banquette du piano, pose mes mains sur le clavier et mon pied gauche sur la pédale. Les touches sont froides, je les effleure, je frissonne. Quelle musique est-ce que j’aimais bien ? Yann Tiersen ? Je n’ai pas joué de piano depuis que j’ai quitté la France, il m’a été impossible de l’emporter avec à Bridgeport malheureusement.. J’essais de me refamiliariser avec, en déchiffrant les partitions. Je voudrais oublier pourquoi je suis ici, pourquoi au final le destin me poursuit. Je me suis trompée, ce n’est pas la timidité qui me rattrape, c’est elle, Hélène, qui est là pour faire de ma vie un enfer.

Vous pensez que je dois partir d’ici ? J’aimerais, mais je n’ai pas assez d’argent. Que je suis bête ! Cette fille me rendra dingue . J’ai envie de.. j'ai envie de la... non.. il faut que j'arrête de penser à cette idée, je crois bien être capable de la réaliser. Mais Elle, n'hésitera pas à faire de mon séjour a Twinbrook une horreur.

Elle va me faire regretter de l’avoir connu, cet Homme en meme temps qu’elle.

Je le sens venir, ce sera.. les Malheurs de Sophie. Un bon titre qui colle parfaitement avec la vie que je mène en ce moment., et la vie qu’elle va me faire voir dans quelques heures.

Tient, mais quelle heure est-il ? 11h30 seulement ? Pourquoi le temps est il si long ?

Je me lève de la banquette. Ma sonnerie de portable retentit. Je décroche sans regarder. J’ai toujous l’espoir qu’Il me rappellera. J’ai l’espoir depuis 4 mois. Il ne l’a jamais fait.
- Madame McClaire, c’est l’agence de livraison de colis de Twinbrook. Nous avons reçu vos affaires de votre ancien logement. Il suffit d’aller..

Je ne l’écoutais déjà plus. Hélène vient de rentrer. La porte grinçe, c’est désagréable. Mais ca l’est moins que de la voir.

De tristes jours s’annoncent.

Il fait froid. Quel jour sommes nous ? Ai-je les yeux fermés? Je ne m’en rends pas compte mais je crois bien que oui. Avez-vous déjà eu cette impression de ne plus avoir de notion de temps ? Vous pensez être chez vous, et en faite ce n’est pas le cas. C’est une impression étrange.

Je bouge légèrement mon bras, je sens quelque chose à mes cotés.. Qu’est-ce ? Je laisse glisser mes doigts sur..

Il y a quelqu’un à côté de moi mais, je ne sais pas qui c’est. Mon cerveau est endormi, je devrais savoir de qui il s’agit pourtant. Fabrice ? Il n’y a pas de poils sur son torse, qui est incroyablement lisse et plat. Je remonte ma main.

Une bouffée d’angoisse me gagne.

AAAAAAAH ! .

J’ouvre les yeux d’un coup, il fait noir.

Je me tourne pour sortir par la gauche, mais je me cogne contre le mur. Je le touche de mes mains. Il n’y a pas de mur de ce côté là chez moi! Je me jette de l’autre côté du lit, m’attendant à trouver une deuxième place, mais non, je tombe par-terre. Complétement perdue. Quelle heure est-il punaise ?

Nous sommes un dimanche, et il est 11H.

J’ai passé une très mauvaise nuit. Je me demande si Hélène est levée, et c’est pour cela que je ne veux pas sortir de ma chambre. Je jette un oeil à la pièce, mes affaires trainent par-ci par-la, je suis allée les récupérer hier après manger. Et le reste de la soirée, je l’ai passé à lire, ici, pour échapper à l’autre, là-bas. J’ai aussi envoyé une lettre à mes parents en France, leur promettant que je passerais les voir un de ces jours. Je leur ai souvent fait cette promesse, je l’ai jamais tenu. Mais là je crois que je vais faire une entorse à mon règlement, cette fois-ci j’irais; quand j'aurais de l'argent.

En me regardant dans le miroir, j'ai peur. Je ne me reconnais pas . Où est passé la véritable Sophie ? Est-ce vraiment moi? Cette fille avec des cernes et les lèvres gercées ? Des yeux éteints, et des cheveux emmêlés ? Admirez l’effet de cette Reine de Sabbat sur moi.

Reine de Sabbat ? Ce n'est pas le bon terme. Ce n'est pas une reine, c’est une sale sorcière! . Et moi je suis… ? Rien du tout. Un grain de riz dans son monde. Le grain de riz de trop et qui fait déborder le bol.

Midi. Une bonne odeur me chatouille les narines. Aurait-elle fait à manger ? Non, pas possible.

Par simple curiosité, je passe ma tête hors de la porte. Vous ne me croirez pas, elle est en train de cuisiner. Certaines femmes sont parfois incompréhensibles, elle en fait partie.
Je crois bien que je vais faire mon petit guide de l’ennemie . Tout d'abord, Hélène sourit pour un rien, elle est fausse, puis elle fait à manger sous ses airs de bourges.. quoi d’autre ?

Elle se tourne dans ma direction, flûte, elle m’a vu, et me fait son sourire..pour la énième fois.

- Tu viens manger ? me demande-t-elle .

Non je veux pas, mais mon ventre me fait remarquer le contraire. Je m’avance, encore en pyjama. Elle aussi est restée en tenue de nuit. Regardez moi ces jambes ! Elle est trop parfaite, c’est le diable, il ne faut jamais l’avoir connu, et vous vivrez tranquille.

- Tu as bien dormi ? J’ai entendu un bruit cette nuit, je crois que c’est toi.

Oui oui c’est moi… tu veux que ce soit qui ? Je ne réponds pas à sa question au final, trop absorbée par son plat. Je me demande si elle y a mit du poison.

Je la vois manger, peut-être qu’elle n’a pas mis de substance étrange la-dedans.
Alors je goûte à mon tour. J'avale.

Je l’imagine sourire en coin .
Tient .. ? C’est bon ? Mince.. mon ennemie sait bien faire la cuisine, je n’y aurais jamais cru..

En effet, je n’aurais pas dut y croire. J’ai vomi 3 fois dans la meme soirée.

Pendant qu’Hélène regardait tranquillement la télé, moi j’étais dans la salle de bain, à me décrasser de cette dure fin de soirée. L’eau de la baignoire était chaude, quelle agreable sensation. Je me rappelle de l’expression tellement réaliste qu’elle m’a faite quand elle m’a vu vomir sur le sol. Faussement réaliste. Après, elle m’a demandé de nettoyer . Je vous présente la belle marâtre et sa Cendrillon.

Je suis allée me coucher avec encore quelques brulures d’estomac, je me suis interdite de manger ce soir. Hélène m’a dit de faire la cuisine la prochaine fois, pour éviter de tomber malade.. j’ai un peu ris nerveusement, sans plus. Je me dis qu’elle est incompréhensible, et que je ne suis ni la première, ni la dernière à être abusée. Je me suis fait torturée l’an passée. Mon esprit a été torturé depuis tout ce temps, et elle continuera, encore et encore, tant que je serais là, avec elle. Il faut que je trouve un moyen de tourner la page.. Je ne veux pas la laisser gagner, encore une fois. Mais c’est plus facile à dire qu’à faire. La fatigue me gagne si rapidement que je ne sais plus ce que je raconte…

Cette nuit, j’ai eu envie de jouer du piano. Mais le poison ingurgité a été le plus fort, et m’a cloué au lit.

Merci.

Le sujet qui fache.