[Abandonné] La plus grande magie

Jared se réveille en sursaut, trempé de sueur. Il lui faut beaucoup de temps pour que sa respiration retrouve son rythme habituel. Il vient de faire un rêve surprenant. Il dormait, bien au chaud dans son lit. Quand soudain, une jeune fille aux ailes blanches fait son apparition devant son lit. Il ne sait pas pourquoi, mais ce rêve le plonge dans une terreur peu commune. Il est encore tôt, 3 heures du matin, mais il décide de se lever. C'est l'été, le ciel est dégagé, un temps idéal pour observer les étoiles.

Il se dirige vers le jardin, encore troublé. Il empoigne le télescope et plonge ses yeux dans le ciel. Cette vue l'apaise. Quand soudain, un phénomène l'immobilise : une pluie d'étoiles filantes. Rien de tel n'est prévu, Jared suit les mouvements des étoiles avec assiduité. Pourtant, il est impossible de se tromper. Il n'a pas le temps de faire un voeu que tout a disparu. Il déglutit difficilement avant de rentrer noter ses observations.

Il y a peu de lumière dans sa chambre, et Jared cherche longtemps ses lunettes avant de comprendre qu'elles sont déjà sur son nez. Il répertorie pensivement tout ce qu'il a vu, en se demandant s'il a pu être le témoin d'une telle bizarrerie. Et tic tac, fait le réveil. Et grat grat fait le crayon. Tic tac, grat grat grat, tic tac grat grat...
Tic toc.
Ce bruit nouveau tire Jared de ses feuilles. Tic toc, à nouveau. Il met un long moment avant de s'apercevoir qu'on frappe à sa porte.
On frappe à sa porte. À 3 heures du matin. Pardon ?

Il s'arme de toute le courage qu'il peut rassembler, tentant de chasser la peur qui lui tord le ventre. Il glisse un oeil derrière la porte.
Elle est là. La fée de son rêve. Mêmes vêtements déchirés, même visage, c'est elle en tout point, mis à part les ailes. Jared ouvre la porte presque malgré lui.

"-Bonsoir, monsieur. Je m'appelle Maïwen. S'il vous plait, j'ai beaucoup marché depuis Moolight Falls, je n'en peux plus. Puis-je entrer ?
-Evidemment."

Ce mot sort de la bouche de Jared sans qu'il comprenne comment il a pu le laisser franchir sa bouche. Elle esquisse un sourire, puis fait un pas dans la maison.

"-Monsieur, j'ai faim."

Jared sort immédiatement du frigo des restes de Chili Con Carne. Il prend un bol pour lui-même, et fixe sa jeune hôte. Elle mange avec lenteur, sans pouvoir autant dissimuler qu'elle est affamée. Il vient soudain à l'esprit de Jared qu'une jeune fille qui n'a pas l'air d'avoir atteint sa majorité mange à 3heures du matin un Chili Con Carne dans son salon, et que cette même jeune fille a des vêtements déchirés de toute part. Surtout qu'il vient de rêver d'elle. Il a subitement mal à la tête.

"-Excusez-moi, mais qui êtes vous ?
-Maïwen. Et vous ?
-Jared Ely."

Il ne comprend pas pourquoi il lui est si facile de tout révéler à cette inconnue.

"-Oui mais, que faites vous ici ?
-Dans votre salon ?
-Non, ça je sais, vous avez sonné parce que vous étiez épuisée ou je ne sais quoi.
-Alors ?
-À Twinbrook. Vous avez dit venir de Moolight Falls, non ?
-J'ai fugué. Pouvez vous m'héberger quelque temps s'il vous plait, Jared ? Je n'ai nulle part où aller."

L'air si suppliant de la demoiselle suffirait à faire accepter n'importe quoi à Jared.

"-Bien sûr. Tu peux me tutoyer. Quel âge as-tu ?
-16 ans, Jared."

"-Tu dois avoir sommeil. Je peux te laisser mon lit, je ne retournerai pas dormir. Mais je n'ai aps de pyjama pour toi.
-Je peux dormir en sous-vêtements. "

Le rouge monte aux joues du jeune homme.

"-Euh... Oui. Fais comme tu as envie. Mais je n'aurai pas d'autres habits pour toi.
-C'est pas grave. Bone nuit Jared. Et merci. "

Elle disparait dans l'obscurité, et il faut plusieurs cafés à Jared pour se remettre des événements.

La vie continue. BIzarrement certes, mais elle se poursuit. Jared s'étonne que les parents ne se soucient pas de leur fille, que personne ne la recherche. Mais il ne veut pas lui donner une raison de partir seule et ne dis rien. Il découvre que celle-ci est une artiste, elle peint de nombreux tableaux, et puisque c'est l'automne, creuse des citrouilles. Pendant ce temps, Jared retourne dans les étoiles et cuisine pour se détendre.

Jared a fait une tarte a potiron qu'ils dégustent ensemble.

"-Tu sais, Jared, tu cuisines vraiment bien. Tu devrais en faire ton métier.
-Je ne sais pas. Je gagne pas mal d'argent avec mes découvertes d'étoiles et puis... "

Il ne termine pas sa phrase, mais Maïwen croit voir une larme tomber près de la tarte. Elle n'approfondit pas, de peur de le blesser. Le repas se termine en silence, jusqu'au moment où une sonnerie stridente retentit. Jared décroche et commence à pleurer. , il acquiesce, par moments, marmonne des ouis.

Puis il s'enfonce dans sa chambre. Maïwen le suit. Avant qu'elle ait pu dire quoique ce soit, il répond à la question qu'elle posait inconsciemment :

"-Ma mère est morte. "

Maïwen s'asseoit près de lui, dans son lit, et commence :

"-Tu l'aimais ?
-Bien sûr.
-Alors ce n'est pas si grave. Elle restera dans ton coeur. Moi, c'est comme si je n'avais jamais eu de parents. Ils ont toujours voulu que je sois une autre personne, que je ne suive aps mes envies. Pour moi, ce ne sont que mes géniteurs. Il y a quelques semaines, la pression devenait trop grande. Je suis partie. J'ai marché jusqu'ici. Je ne sais pas ce que ça me ferait, si je les perdais. Un choc, sans doute. Perdre quelqu'un qu'on a jamais vraiment connu, qu'on est censé aimer, mais pour qui on ne ressent qu'une haine froide ?

Sans savoir pourquoi, Jared se sent rassuré.

Ils ne disent plus rien, mais se sentent mieux. Mieux parce qu'ils ont quelqu'un pour partager la douleur. C'est étrange, de vouloir partager sa douleur, mais c'est humain. Alors ils restent ensemble jusqu'à tard, et s'endorment, reposés. Jared ne peut s'empêcher de penser qu'il l'aime bien.

"-Dépêche toi.
-Laisse moi finir mon poisson !
-Il faut partir. "

C'est le grand jour. Maïwen quitte la maison de Jared. C'est elle qui a pris cette décision. Elle pourrait lui faire du mal, indirectement. Elle ne veut pas. Elle l'aime.

"-J'y suis presque"

Elle ne l'écoute plus. Elle pense à sa mère. Sa mère veut la forcer à devenir quelqu'un d'autre. Elle ne veut pas. Ne peut-elle pas comprendre ? Donc elle s'est enfuie. Elle a senti une force ici. Une force protectrice. Elle est arrivée en été. C'est l'hiver.
Elle doit partir. Elle ne veut pas. Elle l'aime.