- Merci d'être venu, murmura-t-elle.
- T'ai-je déjà refusé quelque chose ? Répliqua Laurent hypnotisé par les boucles blondes et soyeuses qui ondulaient sur le tissu du sofa à chaque nouvelle brise. Son visage, piqueté de minuscules tâches de rousseur s'illumina d'un large sourire et elle tourna la tête pour plonger ses grands yeux marrons dans ceux de son époux.
- Tu aurais pu me dire qu'il était si séduisant, je t'aurais accompagnée bien plus tôt enchaîna-t-il l'air taquin.
- Jaloux ?
- Toujours.
- Tant mieux !
Elle enfoui son visage dans le creux de son cou, ferma à nouveau les yeux et inspira profondément. Ce parfum l'avait toujours réconfortée.
- Tu n'as rien à craindre dit-elle tout bas, je ne pourrais jamais vivre sans toi, tu le sais bien.
Laurent passa son bras autour des épaules de sa femme, la serra tout contre lui et déposa de petits baisers énergiques sur son front. La porte du bureau s'ouvrit violemment laissant entrer une bourrasque d'air chaud. Léa sursauta. Le docteur Daniel Muller, entra d'un pas décidé et s'installa sur la grande chaise en face du couple.
- Désolé de cette interruption dit-il en attrapant son carnet, nous ne sommes pas nombreux à travailler aujourd'hui.
Léa ne répondit pas et se contenta de dévisager son interlocuteur. Il était effectivement séduisant : la quarantaine bien faite, athlétique, un visage viril et bronzé qui faisait ressortir de petits yeux verts pétillants. Il croisa les jambes, le carnet appuyé sur le genoux, et fixa Léa.
- Comment vous sentez-vous avec ce nouveau traitement Léa ? Est ce que vous avez toujours du mal à dormir ?
- Ça va mieux. Par contre j'ai dû arrêter le Nozinan parce qu'il me provoquait des tremblements ; j'étais toujours dans les vapes et ça m'empêchait de travailler.
- Vous avez repris le travail ?
- Oui, j'ai encore un peu de mal au bureau mais mon rédacteur en chef a accepté que je travaille à domicile. J'ai déjà rendu deux articles depuis la semaine dernière.
Laurent qui s'était levé pour parcourir du doigts les rangées de vieux livres posés sur une étagère l'interrompit
- Menteuse, tu n'as toujours pas terminé le deuxième !
Elle lui jeta un regard noir et poursuivit
- En tout cas j'arrive bien mieux à me concentrer maintenant.
- Les effets secondaires du Nozinan peuvent effectivement être assez lourds mais il est important que vous poursuiviez votre traitement. Si vous le souhaitez je peux vous prescrire quelque chose de ...
- C'est le 3ème traitement qu'on essaye interrompit Léa, agacée. Je continue l'Effexor et le somnifère fonctionne bien, je pense sincèrement que c'est suffisant. Je me sens nettement mieux et je n'ai pas rêvé de l'accident depuis plusieurs nuits. Je n'ai plus besoin de ça.
- De quoi avez vous besoin Léa ?
Elle tourna la tête pour contempler un long moment le visage souriant de Laurent.
- De pardon.
- Vous n'êtes coupable de rien Léa, c'était un accident.
- C'est moi qui conduisais.
- C'était un accident...
Laurent s'approcha, se posta derrière elle et posa la main sur son épaule.
- Il a raison, tu n'y es pour rien, lui souffla-il en replaçant la fine bretelle de sa robe.
Elle pencha la tête et caressa de sa joue les doigts de son amour. De son autre main, il vint écarter son épaisse chevelure pour lui masser doucement la nuque.Ses mains, son odeur, son regard admiratif étaient les seules choses qui parvenaient à la calmer. Elle n'avait besoin de rien d'autre.
Le docteur Muller la sortit de sa rêverie.
- Léa, est ce que vous voyez toujours Laurent ? Est ce qu'il est avec vous en ce moment ?
Sa manière de prononcer son prénom à chacune de ses phrases l'avait toujours profondément ennuyée. Comme si elle n'était qu'une enfant distraite qu'il fallait sans cesse rappeler à l'ordre. En vérité, il ne la comprenait pas. Il ne le pouvait pas. Il était comme tout ceux qui s'imaginent que l'amour est telle une fleur fragile qu'il faut chérir et soigner, finissant immanquablement par se flétrir.
Mais ce qui l'unissait à Laurent était loin d'être fragile. Des chaînes indestructibles liaient leur deux corps leurs esprits et leurs âmes. Ce n'était pas quelque chose dont elle pouvait se débarrasser, quand bien même elle le voudrait. Ce n'était pas quelque chose qui pouvait mourir. Jamais.
Le docteur Muller referma doucement son carnet et la regarda d'un air sincèrement peiné. Il s'excusa, promis de revenir dans quelques minutes et se dirigea vers la sortie. Une fois la porte refermée, Laurent vint s'agenouiller aux pieds de sa bien aimée.
- Il essaye de t'aider tu sais.
- Non, répondit Léa d'un ton sec, il essaye de nous séparer.
- Il va te faire interner ma chérie.
- Je sais. Et ça m'est égal, tant que tu restes avec moi, je me fiche de savoir ce que fait et pense le reste du monde. Tu resteras avec moi ?
- Toujours.
- Tant mieux.
Je suis étonné que personne n'ait commenté.
Franchement, j'ai bien aimé cette adaptation. Ce qui est intéressant, c'est que après avoir lu l'original, on ne retrouve pas les éléments mythologiques alors qu'ils étaient présents en nombre dans le mythe. Tu as su les remplacer par des éléments modernes. Chapeau
Je n'ai pas commenté personnellement car je l'avais déjà fait sur SA, lors de la battle.
Comme tu le sais, j'ai beaucoup aimé ton style d'écriture et l'originalité du texte.