[Terminé] When Ice Burns

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Inata
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Je n'avais pas écrit depuis longtemps, et ça m'avait beaucoup manqué... Je crois que je n'ai jamais partagé mes écrits illustrés avec les Sims mais il y a une première à tout, non ?

Pour commencer, c'est plus ou moins la suite de ma précédente histoire, Bridgeport Nights (qui date de... Très bonne question): si vous l'avez lue (ce qui m'étonnerait), tant mieux, sinon, c'est pas grave, vous comprendrez tout aussi bien la suite, et dans le pire des cas, demandez-moi des explications. De toute manière vous asez déjà dû voir les personnages principaux dans ma galerie.

Bon, aussi, juste pour que vous soyez au courant, ils y a quelques jurons qui traînent par-ci par-là, ne soyez pas choqués, et il y aura peut-être un peu de sang, mais rien de très méchant.

Je ne sais pas encore si je vais tenir un rythme de publication particulier, mais j'ai déjà quelques chapitres en stock. Bonne lecture !

Dernière édition par Inata le 2017-05-13, 11:17, édité 1 fois

 
Inata
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Chapitre 1

Spoiler :

La lumière jaunâtre qui s’infiltrait à travers les nuages cotonneux inondait la pièce. L’air était enfin frais et léger, une libération après la chaleur et l’humidité écrasantes de journée, tout à fait habituelles en Louisiane en plein mois d’août. Mais Ziva ne s’était jamais habituée à cette atmosphère lourde et insupportable. Elle profitait enfin de la fraîcheur ; le jour même, elle avait fini par remettre son travail à plus tard, littéralement collée à sa chaise en faux cuir et s’était installée devant le seul ventilateur du bureau, suivant ses mouvements frénétiques comme s’il agissait du gourou d’une secte dont elle serait une fervente adepte. Comme d’un fait exprès, le climatiseur avait décidé de ne plus assurer ses fonctions.
Elle n’avait qu’une seule envie, c’était de retourner dans son lit. A cause de la chaleur et de son esprit toujours occupé, la nuit précédente, elle n’avait pu dormir, narguée par les chiffres verts qui défilaient sur son réveil et par le halo lumineux du lampadaire d’en face qui se diffusait entre les lames du store pourtant fermé. Puis l’orage éclata, déchirant le ciel brouillé par la pollution lumineuse, et la pluie tomba drue, martelant la fenêtre et agitant les eaux du lac d’habitude immobiles. Ziva s’endormit juste après, sûrement par lassitude.

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Assise devant la table basse du salon, elle consultait vaguement ses mails, cherchant dans la liste un seul nom qui n’apparaissait jamais. A part des publicités sans intérêt ou un supérieur lui demandant un compte-rendu qu’elle ne lui enverrai de toute façon pas aujourd’hui, il n’y avait rien d’autre. Elle regarda l’écran qui formait un rectangle lumineux dans l’obscurité naissante, baissa l’écran son Macbook et attrapa la tasse d’infusion pomme-cannelle qu’elle avait laissée à refroidir à côté d’elle il y avait de cela plusieurs heures. Ziva but une gorgée en regardant machinalement par la fenêtre et grimaça. Rien de choquant dehors ; seulement, en plus d’être glacée, son infusion était maintenant imbuvable. Elle reposa la tasse et regarda les messages sur son téléphone. Le dernier que Lenowe lui avait envoyé datait d’il y a deux mois, disant qu’il était bien arrivé et qu’il l’appellerait bientôt. Sa vision de « bientôt » était certainement différente de celle de Ziva.

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Son portable sonna alors qu’elle était en train de taper ses dernières constatations à propos du dépeceur de facteurs, un cinglé qui prenait son pied à littéralement réduire en charpie les malheureux facteurs qui croisaient son chemin. Avaient-il perdu un de ses colis ? Était-il mécontent de leurs services ? Elle avait arrêté de chercher à comprendre.
Elle décrocha en voyant le nom de Lenowe s’afficher.
« Je peux savoir où tu es passé ? Je t’ai demandé de faire quelque chose ce matin, je crois que…
-Je suis à l’aéroport, dit-il, et je dois rentrer chez moi. Je n’ai pas le temps de t’expliquer, mais pour faire court, ma sœur a eu un accident et je dois aller la voir. Le seul vol pour Helsinki de la semaine part dans une heure. Je te rappellerai quand je serai arrivé. »
Il n’ajouta rien de plus et raccrocha après quelques secondes sans réponse de la part de Ziva qui ne sut pas quoi lui répondre.

Depuis, elle ne savait même pas où il était, sans aucun moyen de contacter quelqu’un de sa connaissance. Bon, ce n’est pas comme si elle n’avait pas travaillé pour la police ; elle aurait aisément pu demander de le rechercher. Mais elle aurait eu beaucoup de mal à la justifier. C’était ses affaires, et elle n’avait pas tellement envie d’ébruiter ce qui se passait entre eux. Ziva était à la fois inquiète mais surtout très en colère contre lui. Elle ne lui demandait pas de rendre compte de ses moindres mouvements, mais un quelconque « Je vais bien » lui aurait suffi. A chaque message qu’elle recevait, elle osait espérer que c’était lui. Mais ça n’était jamais le cas. Le temps commençait à devenir long et les enquêtes en cours prenaient du retard à cause de son absence.

Elle soupira et se dirigea nonchalamment vers le réfrigérateur qu’elle aurait dû penser à remplir et prit la brique de smoothie qui se trouvait dans la porte de celui-ci. Le repas de ce soir consisterait certainement en un verre de la boisson fruitée et des trois falafels qui restaient de la veille. Elle crut entendre le grésillement étrange de la sonnette, mais ce n’était sans doute que le bruit habituel du vieux frigo ou le murmure de la télévision du voisin qui passait à travers le mur. Puis le bruit recommença à nouveau. Laissant le carton sur le comptoir de la cuisine, elle partit vers la porte, faisant craquer le vieux plancher sous ses pieds nus.

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Sûrement le propriétaire de l’immeuble qui venait lui rendre une énième visite, même à cette heure-ci. Récemment divorcé, venir s’assurer que sa charmante et jeune voisine n’avait pas besoin de son aide était une distraction de choix. Ou, pendant une fraction de seconde, elle espéra que ce fut Salomée avec une pochette pleine de nourriture indienne du restaurant d’en face dans une main, et une bouteille d’une quelconque boisson alcoolisée dans l’autre. Ziva tourna la clé dans la serrure branlante et tourna la poignée. Levant les yeux, elle discerna dans l’ombre du couloir obscur (ce propriétaire à la con ferait mieux de changer les ampoules plutôt que de venir m’emmerder, pensa-t-elle) un visage qu’elle aurait aimé revoir plutôt. Celui de Lenowe.
Il avait les cheveux ébouriffés – encore plus que d’habitude – et son t-shirt froissé lui collait à la peau. Ses deux sacs étaient posés par terre, à ses pieds. Lenowe ne murmura même pas un simple bonsoir à Ziva. Son expression lasse ne permettait même pas de savoir s’il était content de la revoir. Elle recula, le laissant implicitement rentrer, même si elle aurait pu légitimement lui claquer la porte au nez.

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Caroline
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C'est bien écrit, les images sont soignées, j'aime Smile.

 
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J'aime beaucoup ta plume, j'attends de voir la suite.

 
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C'est trop koool!!!

 
Alexane
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Ça s'annonce génial cette histoire, j'aime beaucoup ta façon d'écrire, hâte de voir tes persos mis en scène dans ce projet ! Very Happy

 
Inata
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Merci [Terminé] When Ice Burns 4113703508

Bon, puisque ça vous plaît, voilà la suite !

Chapitre 2
Spoiler :

Lenowe jeta ses bagages sur le meuble dans l’entrée et parcourut du regard l’appartement, qu’il n’avait vu qu’une seule fois, et vide. En attendant de recevoir la confirmation qu’elle pouvait quitter Twinbrook, Ziva n’avait pas trouvé mieux que cet appartement étriqué et sombre. Situé juste au-dessus d’une laverie ouverte vingt-quatre heures sur vingt-quatre, il était bercé par le ronronnement perpétuel des machines à laver, et l’odeur âcre de la lessive remontait par les conduits d’aération. La chambre était juste assez grande pour le lit qui bloquait même la fenêtre et même un placard aurait été plus spacieux que la salle de bain. A part ça, il n’y avait pas de cafards, ni d’autres locataires indésirables, et l’eau ne s’infiltrait pas par le plafond lorsqu’il pleuvait.
Il resta droit devant Ziva, qui restait en arrière, résignée. Elle ne le regardait même pas, plus interdite que surprise, éprouvant un mélange de colère, de soulagement, et d’incompréhension peut-être. Elle attendit une quelconque réaction de sa part, mais il alla simplement s’asseoir sur le canapé, sans ouvrir la bouche. Retournant derrière l’ilot de la cuisine, elle le fixa longuement, une pointe de mépris dans son regard, déterminée à ne pas dire un seul mot avant qu’il ne se décide à parler.
« Tu veux boire quelque chose ? Lâcha-t-elle. Une question sans intérêt pour embrayer sur la conversation.

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« Un verre d’eau, ça ira », dit-il. Neutre.
Ziva remplit un verre qui séchait au bord de l’évier rempli de vaisselle et le posa doucement sur la table. Hésitante, elle finit par s’asseoir à côté de Lenowe, plus intéressé par la page d’informations qui défilait sur l’écran de l’ordinateur portable en face de lui que par autre chose. Elle le détailla silencieusement. Il avait visiblement quelques heures de sommeil à rattraper, comme en témoignaient les cernes alourdissant son regard indifférent. Il avait maigri ; ses pommettes saillaient sous la peau livide de son visage et ses mains tout aussi pâles étaient veinées de bleu. Ses cheveux vaguement peignés étaient d’un platine terne et sans vigueur. Il faisait presque peur à voir. Les cadavres dont elle s’occupait avaient parfois meilleure tête.

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Ziva leva les yeux vers lui.
« Au fait, comment va ta sœur ? lui demanda-t-elle sur un ton entendu.
-Bien, soupira-t-il. Elle pourra bientôt remarcher.
-Ah. » Elle hocha la tête et attendit qu’il continue peut-être à parler.
Le klaxon d’une voiture se fit entendre à l’extérieur, puis l’appartement redevint silencieux.
« Qu’est-ce que tu as fait pendant deux mois entiers ? Tu étais si occupé que ça pour ne pas m’envoyer un seul message ? »
La question lui brûlait les lèvres depuis qu’il avait passé le seuil de la porte.
Il leva la tête, posant son regard bleu arctique sur elle, et d’un mouvement horizontal de la tête, lui indiqua clairement qu’il ne lui répondrait pas. Pas maintenant.

***

Le quartier était particulièrement calme, tellement calme qu’il en était presque inquiétant la nuit tombée, quand les vitrines s’éteignaient une à une, que les bureaux étaient tous désertés et que la lumière rassurante du soleil était remplacée par la lueur jaunâtre des lampadaires qui daignaient encore fonctionner, accompagnée par quelconque néon coloré derrière la vitre d’un bar ou d’un fast-food. Il ne s’était jamais rien passé quoi que ce soit sortant de l’ordinaire dans le bloc, mais Ziva préférât se hâter de rentrer chez elle. Elle ne croisait jamais personne et n’aurait pu dire qui étaient ses voisins, et c’était ça qui rendait l’ambiance encore plus sordide.
Elle emmena Lenowe dans un bar au bout de la rue, situé entre une banque et un magasin d’instruments de musique, dont la lumière de la vitrine encore allumée se réfléchissait sur le trottoir humide. Le bar était aussi le seul endroit où elle aperçut d’autres gens à l’intérieur ; elle n’avait aucune envie de se retrouver quasi seule dans un endroit silencieux et austère. La première chose qui les frappa lorsqu’ils rentrèrent à l’intérieur fut l’odeur pesante de friture, mêlée à celle de la bière de mauvaise qualité et de la cire pour bois, continuellement brassée par le ventilateur du plafond. Le bar était éclairé par des néons jaunes, rouges, verts et orange, il faisait trop chaud et la musique qui braillait était étouffée par le brouhaha des discussions et des bruits de verres qui heurtent les tables.
Ziva et Lenowe s’assirent à une table près du mur, dans le seul recoin vide, sous un énorme néon multicolore. Les murs en vieille brique étaient ornés d’antiques plaques en métal datant d’une époque révolue, vantant les mérites des poires de Californie ou d’une marque de pneus n’existant même plus. Ils ne purent s’empêcher de tourner la tête pour les observer avec curiosité, puis une serveuse passa leur tendre deux cartes avant de filer s’occuper de la table voisine, sans même les regarder. Ça et leur moue dubitative devant la liste de ce qu’ils proposaient n’annonçait pas la soirée sous de meilleurs auspices. Un autre serveur s’approcha de la table, un bloc-notes froissé dans une main et un crayon rendu ridicule à force d’avoir été taillé dans l’autre. Les cheveux blondasses descendant en vagues molles sur ses épaules, noyant son visage pâle constellé de taches de rousseur éclairé par un regard bleu fade, vide et indifférent, il avait un singulier, quoique lointain, air de ressemblance avec Lenowe, qui ne sembla pas laisser Ziva indifférente. Il prit la commande et s’en alla de la même manière qu’il était arrivé. En marmonnant une poignée de mots incompréhensibles d’une voix qui avait quelque chose de caverneux.
Elle prit une part de la seule pizza qui ne paraissait pas être un mélange hasardeux des restes de la semaine au vu de leur garniture, et lui du poulet frit et un cocktail. Ils s’en contenteraient. Lenowe ne manqua pas de remarquer le regard inquisiteur de Ziva fixé sur le serveur par pure provocation, quand bien même elle savait que c’était particulièrement stupide et immature, mais il ne dit rien.

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Il n’avait pas envie de lui parler. Ni même de la regarder. Et, réciproquement, elle non plus. Lui demander encore et encore des explications, le harceler jusqu’à ce qu’il craque ne servirait à rien. Lenowe resterait impassible, totalement indifférent. Comme d’habitude. La tête baissée, il fixait ses mains posées à plat sur la table collante et bancale, pendant que Ziva, un coude sur la table et le poing serré contre sa joue, elle l’observait avec dédain.
Leur commande finit par arriver, après plusieurs embarrassantes minutes sans fin pendant lesquelles aucun des deux n’avait bougé. Le serveur tendit à Ziva une assiette ébréchée et posa devant Lenowe un panier rempli de ce qui ressemblait à des tubercules frits, ou plutôt ce qu’ils appelaient du poulet et un verre ayant subi de (trop) nombreux passages au lave-vaisselle, avec une ridicule ombrelle en papier des plus inutiles. Ils lui murmurèrent un « merci » inaudible et, sans doute affamés,  n’attendirent pas pour commencer à manger. Mordant dans sa part de pizza, Ziva grimaça. La pâte était glacée et avait la consistance du carton, et la garniture, brûlante tenait plus du caoutchouc qu’autre chose. Lenowe analysa avec suspicion le morceau de poulet huileux qu’il tenait entre ses doigts. Il commença à la mordiller et s’arrêta soudainement de mâcher. Il leva les yeux et croisa le regard dépité de Ziva.
« J’ai l’impression de bouffer une éponge pleine d’huile. C’est dégueulasse » soupira-t-il. Lui non plus n’était pas convaincu que la situation irait en s’arrangeant.

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« On est d’accord » dit-elle en insistant sur le premier mot de sa phrase.
Il retira l’ombrelle de son verre, et, fermant les yeux un instant, avala une gorgée du cocktail orange, attendant la réconfortante brûlure de l’alcool descendant dans sa gorge. A la place, il ne trouva que le goût agressif du sucre.
« C’est de la flotte ! Sex on the Beach mon cul, ça devrait plutôt s’appeler Death on the Beach cette saloperie... lança-t-il
-Viens, on se casse » dit Ziva en comptant une poignée de billets verts qu’elle déposa sur la table.
Lenowe sembla approuver implicitement sa proposition et se leva. Elle avait osé espérer que dans un endroit neutre comme celui-ci, il aurait été plus aisé de mettre les choses au clair avec lui. Raté.

 
LadySquirrel
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J'aime décidément beaucoup ta manière d'écrire. Smile

 
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C'est vraiment très prenant ! J'aime ta façon de détailler chaque scène, on rentre tout de suite dans l'histoire moi ça me plait beaucoup Very Happy

 
Inata
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Merci ! émue

Voilà la suite !

Chapitre 3

Spoiler :
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Les boîtes de My Xao vides s’entassaient sur la table avec les bouteilles de bière vides. Ils mangeaient silencieusement, Ziva assise par terre sur son tapis à franges et Lenowe sur le canapé en face, faisant machinalement tourner les nouilles détrempées par la sauce au bout de ses baguettes. Le traiteur vietnamien finissait toujours par venir à son secours, quand elle avait oublié d’acheter à manger ou qu’elle cherchait un remède contre la solitude.

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Ziva reposa sa boîte vide sur la table avec les autres et attrapa un biscuit qu’elle brisa pour récupérer le message à l’intérieur. Elle fixa le rectangle de papier un instant, ricana et retira d’un revers de la main les miettes sur ses jambes. Lenowe leva les yeux vers elle.
« Ces gâteaux servent à que dalle. Ils sont dégueulasses et c’est qu’un ramassis de conneries. Je te file le mien » lança-t-il avant de ramasser la pochette en papier du restaurant à ses pieds et d’y fourrer toutes les boîtes vides. Ziva se leva pour mettre le sac à côté de la poubelle déjà remplie et jeta un œil rapide à l’heure.
« Fais comme chez toi. La chambre est là et la salle de bain au fond. Le code du wifi est sur un post-it dans le plateau dans le coin, si tu veux, t’as qu’à fouiller, tu devrais bien le trouver. Tes clés doivent aussi être là-dedans » dit-elle en désignant un plateau plein d’enveloppes encore fermées et de vieux tickets de caisse froissés. Elle se retourna et partit dans la salle de bain. La lumière électrique forma un rai jaunâtre dans l’encadrement de la porte et le chauffe-eau se mit à ronfler. Lenowe resta immobile à fixer la porte en face de lui, se demandant comment se confronter à Ziva. Devait-il lui fournir de laconiques excuses et passer sous silence où il était, ce qu’il avait fait, ou n’avait pas fait, et pourquoi ? Ou être sincère, et pour une fois, tout lui dire et ne pas faire comme s’il ne s’était rien passé ?
Le bourdonnement du chauffe-eau cessa et Ziva insulta copieusement le robinet qui lui avait encore brûlé les mains. Puis Lenowe n’entendit plus que le bruit de l’eau qui coule sans s’arrêter et les voisins du dessus traînant leur chaise sur le parquet en sortant de table. Après deux mois passés dans la solitude et le silence accablants, il était presque soulagé de retrouver les bruits rassurants qui lui rappelaient qu’il n’était pas seul et livré à lui-même. Plusieurs fois, tard dans la nuit, entre le sommeil et la conscience, il s’était demandé si ce grincement ou ce bourdonnement lointain était bien réel ou si ce n’était que les divagations de son esprit embrumé qui l’avaient presque rendu dingue. Il fallait aussi qu’il lui en parle. Elle le regarderait certainement avec un vague air d’incompréhension, sans rien dire, à peine surprise, et passerait à autre chose. Il avait à peine pensé à elle pendant son absence. C’est-à-dire qu’il avait plutôt évité d’y penser. Une fois sa sœur lui avait demandé comment allait sa chère compagne. Il s’était contenté d’un « bien » laconique et d’un haussement d’épaules en espérant que cela lui suffise. Et elle s’était contentée d’un sourire en coin et d’ajouter « Je sais que tu en es dingue. Mais ça ferait trop mal à l’orgueil de mon frère que d’admettre que, malgré tout, il ressent bien quelque chose. Je ne la connais pas assez pour savoir si elle a besoin de toi... Mais je sens que tu as besoin d’elle. Pas seulement émotionnellement, tu vois... ce que je veux dire... » et de lui adresser un clin d’œil complice. Sa tante lui avait aussi demandé comment allaient sa femme et sa fille. Lui adresser un sourire radieux et lui lancer le plus naturellement possible « Elles mangent les pissenlits par la racine depuis longtemps, grand bien m’en fasse » n’aurait pas été correct, après réflexion. Il avait évoqué une infidélité (sans préciser de quel côté), un divorce, un billet d’avion pour un pays suffisamment éloigné, une autre femme qui aspirait à la même chose que lui, cette fois, et il lui avait fait comprendre qu’il était inutile d’insister pour en savoir plus.

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L’eau s’arrêta de couler, et quelques longues minutes plus tard, la porte de la salle de bain s’ouvrit à nouveau. Ziva verrouilla la porte d’entrée, faisant remuer les clés dans un bruit métallique, débrancha son ordinateur portable, ramassa son livre dont un billet d’avion – ou de train ? – faisant office de marque page, dépassait, et se tourna vers la chambre sans vraiment regarder Lenowe, le dos fermement plaqué contre le coussin du canapé. Il ne sut pas s’il devait considérer qu’elle faisait comme si il n’était pas là, ou bien comme s’il n’était jamais parti. Il attrapa son poignet gauche au passage. Elle se retourna et le fixa, immobile, puis s’assit sur ses genoux, face à lui. Le livre retrouva sa place sur la table basse qui disparaissait sous une tasse vide, un dossier en papier kraft, des feuilles éparpillés et plusieurs cactus assoiffés.

Elle releva la tête et détailla longuement ses traits du regard. Ses yeux indolents d’un bleu délavé tellement pâle qu’ils en paraissaient blancs à la lumière, la pupille comme cerclée d’une toile d’araignée givrée et l’iris piqueté de tâches plus foncées à peine discernables. La pointe cartilagineuse asymétrique de son nez qui formait un renflement au-dessus de sa narine droite. Ses oreilles, dont les lobes dépassant sous ses cheveux portaient les cicatrices d’un passé révolu où il portait des piercings et où il s’était fait tatouer. Sa canine supérieure droite légèrement tordue qui dépassait de ses lèvres à peine entrouvertes. Ses lèvres...
Elle inclina la tête et approcha son visage du sien. Ses lèvres effleurèrent les siennes, froides, moites, et craquelées. Lenowe passa ses bras autour de sa taille, remontant vers ses épaules, et saisit ses omoplates osseuses entre ses mains, la ramenant vers lui, pressant sa poitrine contre la sienne. « A quoi bon lui faire la gueule... Je n’aurais pas pu résister plus longtemps... » Pensa-t-elle à sa plus grande satisfaction. Elle sentait son buste massif contre le sien... Ses mains traîtresses sur sa peau... L’odeur éventée de son parfum mêlée à celle de la transpiration et à quelque chose d’autre, une odeur boisée, lui rappelant vaguement la cannelle... Elle ne pouvait que céder.

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Ouh ouh ouh, bande de petits coquins... [Terminé] When Ice Burns 2620358557

 
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Juste un petit message pour dire que la suite arrive très bientôt ! Il me reste juste à finir de prévoir un ou deux épisodes d'avance. Smile

 
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Chapitre 4

Spoiler :

Lenowe n’en pensait certainement pas moins d’elle. Pourtant, elle n’avait physiquement rien d’hors du commun, un corps plat, sans formes, maigre même ;  cela lui sapait toute son estime d’elle-même. Heureusement Lenowe ne lui en avait jamais tenu rigueur ; il n’avait auparavant fréquenté que des femmes plantureuses uniquement parce qu’à défaut de pouvoir établir une relation spirituelle avec elles, il s’était rabattu sur le physique.
Son visage était durci par la fatigue et l’austérité de ses journées, bien que ses traits gardaient une finesse et une délicatesse déconcertante par le contraste avec sa personnalité qui n’avait rien de délicat. Elle blessait fréquemment les gens, et ne s’en excusait pas. La plupart de ses collègues préféraient la laisser au sous-sol. Au moins, les cadavres ne risquaient pas de tenter d’entamer une conversation sans le moindre intérêt avec elle.
Elle éloigna son visage du sien un instant, reprenant son souffle, et ses doigts effilés se retrouvèrent involontairement à caresser sa joue, et continuèrent en suivant la ligne dure de sa mâchoire. Sa peau avait la texture du papier de verre. Elle suivait sa main du regard, respirant lentement, et soudain, cessa de bouger, fronçant les sourcils. Juste sur le bord de l’os, dissimulée sous une barbe de trois jours à peine visible, elle remarqua une longue cicatrice qui ne devait pas dater de plus d’un mois.

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« D’où tu sors cette cicatrice ? » lui demanda-t-elle froidement. Pas de « Comment tu t’es fait ça mon chéri ? » ou une quelconque autre mièvrerie du genre. Plutôt mourir.
Il retira ses mains de son dos et les passa sur son visage. Lenowe maronna un mot qu’elle ne comprit pas et il la regarda à nouveau droit dans les yeux.
« Je suis tombé de mon lit » dit-il le plus honnêtement du monde, haussant les sourcils. Il était bien sincère.
« Tu te fous de moi, c’est ça ? »
Elle se leva et s’assit de l’autre côté du sofa, le plus loin possible.
« Non. J’ai juste... » Il chercha ses mots, avala difficilement sa salive. « Tous les jours je me réveillais trempé, les draps complètement arrachés, et encore plus crevé que la veille. Sauf qu’à un moment, à force de me débattre contre moi-même, je me suis cassé la gueule et je me suis salement amoché. » Il passa sans s’en rendre compte sa main derrière la tête. En l’écoutant attentivement, elle se rendit compte qu’il roulait les r, avait une intonation particulière qui montait et descendait et que amoché ressemblait plutôt à amossé, en contraste dissonant avec son net accent du Midwest qui lui donnait une voix rêche.
« Et ensuite tu as passé deux mois dans ta chambre sans bouger ? lui demanda Ziva, dubitative, les bras croisés devant elle.
-Non, non... J’avais pas l’intention de rester. Ma sœur allait bien, sa copine et ma tante s’occupaient suffisamment d’elle, j’ai été voir deux trois personnes – c’est pas comme si j’avais encore beaucoup d’amis là-bas ou d’amis tout court – et puis c’est tout, j’avais l’intention de rentrer et... » Il ne finit pas sa phrase. Lenowe soupira et attendit sa réaction, une boule dans la gorge.
« Je comprends pas. Ça répond pas à ma question. Mais tu sais quoi ? Je m’en tape complètement. Je ne veux pas en parler plus tard, je ne veux pas... Je m’en fous. Il ne s’est jamais rien passé. Oui, en l’occurrence, il ne s’est rien passé, puisque tu ne peux rien me dire » grogna-t-elle, les dents serrées la voix emplie de mépris.
Elle reprit son livre où elle l’avait posé et partit en trombe dans la chambre. Il ne chercha pas à la retenir ou trouver d’autres arguments pour qu’elle le pardonne. Ce mot n’existait pas dans son vocabulaire.

***

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« Tu veux que je dorme dans le salon ? demanda Lenowe
-Fais ce que tu veux » lui répondit une voix étouffée derrière la porte. Il la poussa avec son pied. Seule la lampe de chevet posée par terre éclairait la pièce. Ziva lisait, assise dos au mur, les jambes ramenées vers elle. Elle ne tourna pas la tête lorsqu’il entra. Ses pieds moites collaient au parquet et ses cheveux aplatis ruisselaient encore d’eau. Sans lever les yeux de son livre, elle se poussa à droite pour lui laisser une place. Il se glissa entre les draps froissés et regarda l’attrapeur de rêves qui voletait au-dessus de lui. « Je devrais acheter un million de ces trucs pour qu’ils fonctionnent sur moi » pensa-t-il.
Ziva récupéra le billet d’avion marque-page et le remit dans le livre, qu’elle jeta au pied du lit. Lenowe se retourna et frappa son innocent oreiller. Se remit sur le dos. Grogna. Retira la couette. Se retourna à nouveau. Dormir dans le même lit que lui était l’assurance de passer une mauvaise nuit, ou, dans le meilleur des cas, de se prendre un coup et de tomber dudit lit.

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« A quelle heure tu commences demain ? » demanda-t-il. Sa voix résonna dans la pièce à moitié vide.
« J’en sais rien. Salomée vient me chercher vers dix heures je crois. Si t’es pas réveillé à cette heure-là, elle te tirera du lit à coups de pied au cul.
-Pas de risque » bâilla-t-il, tendant le bras vers l’interrupteur pour éteindre la lumière. Il était tellement fatigué qu’il sentait ses membres sombrer littéralement dans le matelas et son dos lui faisait comprendre qu’il n’avait guère apprécié la nuit passée sur un banc d’aéroport à espérer que dans l’avion les sièges voisins soient inoccupés, et les douze heures suivantes  à essayer de trouver où mettre ses jambes parce que le miracle n’avait pas eu lieu.
« Dis, tu vas retourner au travail comme si de rien n’était ? lui demanda Ziva à voix basse, comme si elle craignait de réveiller quelqu’un.
-T’inquiète pas pour ça non plus, souffla-t-il en tournant la tête vers elle
-Si tu le dis…
-Je sais que tu m’en veux vraiment. Je n’ai rien à te dire, si ce n’est que je suis désolé.
-Tais-toi, j’en ai rien à faire de tes explications, tu ne m’appartiens pas, tu es libre de faire ce que tu veux. C’est à toi de te faire des reproches, pas à moi. » Lui répondit-elle d’une voix endormie voilée par le ronronnement du climatiseur qui s’était mis en route.

[Terminé] When Ice Burns Screenshot-214

Dans le noir, il ne distinguait que son visage pâle et la courbe de son dos qui se prolongeait et disparaissait sous le drap. Pour une fois, il ne mit pas longtemps à s’endormir profondément, lui sembla-t-il.

 
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Je sais pas quoi dire de plus à part que j'ai beaucoup apprécié ce chapitre. Smile

 
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Le prochain épisode arrive bientôt !

 
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Désolée du retard, j'aurais voulu poster ce chapitre plutôt mais je n'ai pas pu ! Enfin bref...

Chapitre 5

Spoiler :

[Terminé] When Ice Burns Screenshot-261

Lorsque Ziva ouvrit les yeux, le lit était vide. Elle jeta un œil à l’heure. Huit heures et quart. Elle mourrait d’envie de rester sous la couette, mais savait bien qu’il lui serait impossible de se lever si elle le faisait. Elle sortit du lit et chercha à un sweat à enfiler mais, ne le trouvant pas, laissa tomber avant qu’elle ne commence à retourner la chambre. Elle avait dû l’oublier dans la salle de bain ou sur le dossier d’une chaise.
Lenowe était derrière le comptoir de la cuisine, occupé à lire ce qui était marqué sur une brique de thé glacé, l’air intrigué.
« J’ai sorti tout ce que j’ai trouvé à manger… Il y a encore de l’eau dans la bouilloire. Enfin, je crois.
-Super, dit-elle d’un ton à demi ironique. T’as pas froid sans t-shirt ? lui demanda-t-elle en croisant les bras, comme si elle avait elle-même froid.
-C’est bien la première fois que tu te soucies de savoir si j’ai froid… Ça te gêne de me voir comme ça  peut-être ? »
Elle lui répondit par un sourire en coin et attrapa une tasse retournée dans l’évier.
« A quelle heure vient Salomée déjà ?
-Dix heures. Je te l’ai déjà dit » articula-t-elle entre deux bouchées de bagel à la confiture. Ça aussi, elle devrait penser à en racheter.
« Tu prenais pas le bus avant ?
-Si, même s’il est jamais à l’heure. Aujourd’hui on commence toutes les deux plus tard. J’aimerais que ça soit le cas plus souvent. »

[Terminé] When Ice Burns Screenshot-260

Lenowe hocha la tête tout en finissant d’une traite sa tasse de… Elle ne savait pas exactement ce que contenait la tasse en porcelaine turquoise qui semblait minuscule dans ses mains. Peu importe.
Il ne sut quoi ajouter et regarda furtivement autour de lui, se pinçant les lèvres, comme embarrassé. Elle ne le remarqua pas, et, finissant son bagel, rapporta la bouteille de sirop d’érable dans le placard et jeta le gobelet en carton vide qui traînaient tous deux sur l’autre table.
« Il faut vraiment que j’aille faire les courses » murmura-t-elle à elle même. Elle ignora Lenowe en passant devant lui et analysa le contenu du réfrigérateur toujours aussi vide que la veille afin de voir si elle aurait quelque chose à manger ce midi. Il ne s’était pas miraculeusement rempli pendant la nuit, mais elle finirait bien par trouver une solution.

« Hé, où est ma valise ? » Beugla Lenowe de quelque part dans l’appartement. Même les voisins devaient maintenant être au courant et pourraient participer à la recherche de son sac.
« Sérieusement ? Elle est là, à côté du lit. C’est toi qui l’a collée ici » répondit Ziva, à peu près au même volume sonore. Elle entendit ses pas lourds se rapprocher et la porte de la chambre grinça.
« Est-ce que tu pourrais attacher mon collier au passage ? »
Elle lui donna la chaîne dorée sans se préoccuper de sa réponse, et il s’exécuta, balayant ses cheveux carmin sur le côté pour ne pas qu’ils se coincent dans le fermoir. Son souffle chaud lui caressait le cou. A un moment, elle remarqua que sa respiration était devenue courte, saccadée, presque forcée, et parce qu’il avait baissé la tête, la pointe de ses cheveux lui chatouillait l’oreille. Avant qu’elle ne se retourne et lui dise de se dépêcher, ou quelque chose de similaire, il prit le zip de son haut en satin noir entre son pouce et son index droit et le descendit le plus lentement possible.

[Terminé] When Ice Burns Screenshot-264

Il avait maintenant le menton posé sur son épaule et son autre main la tenait contre lui. Elle se défit de son étreinte et se tourna face à lui, ne sachant pas sur quoi fixer son regard alors que ses yeux s’agitaient de droite à gauche, puis elle mit ses bras autour de son cou et plaqua ses mains froides sur sa nuque pour le forcer à s’incliner vers elle, cherchant ostensiblement ses lèvres. Il l’aida à les trouver et l’embrassa avec véhémence. Le baiser de la veille paraissait totalement dérisoire ; il avait plus tenu du réflexe que d’autre chose, mais celui-ci gardait toujours un arrière-goût âpre. Ziva aurait voulu résister, lui faire comprendre qu’il ne s’en tirerait pas de cette manière, quand bien même elle le voulait aussi. Elle ne put que capituler lorsqu’il lui mordit la lèvre inférieure et fit descendre sa main droite le long de son flanc, alors que la gauche cherchait l’agrafe de son soutien-gorge Sentant cependant sa mâchoire crispée et les muscles de son dos tendus, il recula. Elle leva son regard à la fois indolent et impétueux vers lui.
« Je ne veux pas que tu penses que je cherche à me faire pardonner. Non. Non... » Lui dit-il d’une voix râpeuse, la regardant droit dans les yeux, qui paraissaient s’enflammer à la lumière du soleil passant à travers les stores. Puis elle détourna la tête et la lueur disparut.

[Terminé] When Ice Burns Screenshot-266

« Tu es faible, Lenowe... Moi aussi... » Murmura-t-elle en fixant la spirale tatouée sur le haut de sa poitrine, la suivant de son index droit.
Il haussa les sourcils en signe d’approbation, mais elle ne le remarqua pas.
« Tu attends quelque chose ? » lui demanda-t-elle après un moment de silence, relevant la tête, le défiant du regard, et elle tira son bras vers elle. Il revit l’éclair dans ses yeux  - cette fois-ci, il lui sembla qu’il ne s’agissait pas seulement d’un rayon de soleil - et se laissa basculer sur le lit derrière eux, l’emportant avec lui.
« Tu es vicieuse » lui murmura-t-il doucement, son visage à deux centimètres du sien
« Vraiment ? » demanda-t-elle placidement, bien qu’elle n’attendait pas de réponse. Sa main se faufila main dans les cheveux hirsutes de Lenowe et l’embrassa à nouveau. Ensuite, il fit lentement dévier ses lèvres et longea sa mâchoire, avant de descendre le long de son cou et de sa clavicule gauche, celle barrée d’une cicatrice, envoûté par le parfum de sa peau. Arrivé au creux de sa poitrine, il fit glisser sa main dans son dos et remonta sa colonne vertébrale, sentant une à une ses vertèbres du bout des doigts, sachant que sa partenaire se cambrerait de manière incontrôlable et rejetterait la tête en arrière, déployant sa chevelure mousseuse sur l’oreiller, pendant que ses mains à elles lui pinçaient le haut du dos, comme tentant de dompter le serpent encré dans sa peau.
Il se redressa, laissant une longueur de bras entre eux deux. Elle le dévisageait avec insistance et l’affrontait du regard. Même s’il n’aurait jamais osé l’avouer, elle était la seule personne qui lui faisait perdre ses moyens. Elle ne se laisserait jamais soumettre. Lenowe inclina la tête, la regardant par-dessus ses cils blonds, les narines dilatées et la bouche entrouverte laissant apparaître sa canine tordue.
Elle n’avait jamais vu la glace brûler. Sauf dans ses yeux, celle qui mord avec ardeur et engourdit sans qu’on s’en rende compte. Il ferma les yeux et baissa la tête.
La rancœur pourrait attendre.

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Je vais prendre une douche froide et je reviens. émue

 
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Chapitre 6

Spoiler :
« Ziva, bouge ton cul ! Je suis garée au mauvais endroit et je vais me payer une prune ! »
Salomée cessa de martyriser la sonnette déjà agonisante et posa son front sur la porte, grognant intérieurement. Elle faillit basculer en avant lorsque Lenowe ouvrit brusquement. Il recula instinctivement et ne tenta même pas de la rattraper.
« Oui? » lui demanda-t-il calmement. Salomée se demanda un instant s'il était sarcastique ou non. Puis, après une seconde de réflexion, elle laissa échapper un cri d'étonnement et resta bouche bée, les yeux écarquillés.
« Mais... Je croyais que tu étais mort ! J'ai même pense à te trouver un remplaçant, mais ta copine n'avait pas l’air d'accord. Nan, en fait, elle en avait rien à faire. Je...

[Terminé] When Ice Burns Screenshot-389

-Moi aussi je suis très content de savoir que tu vas bien. » Cette fois il était bien sarcastique, ponctuant sa phrase d’une moue tordue et d’un hochement de la tête. Il ne réagit pas à la dernière phrase de Salomée et l’interrompit en soupirant bruyamment. Heureusement, elle n'avait pas remarqué sa ceinture défaite et sa chemise froissée à moitié dans son jean alors qu'elle n’aurait pas dû l'être.
« Je me dépêche, j'arrive tout de suite » dit Ziva en sortant de a salle de bain, une brosse à la main.
« Lui aussi aurait besoin d'un coup de peigne » dit Salomée en pointant Lenowe du doigt. Il ne dit rien non plus et se retourna pour se rhabiller.

Le trajet jusqu'au commissariat fut particulièrement silencieux. Pour une fois, Salomée, sentant la tension palpable dans l’air, avait judicieusement décidé de ne rien dire et s’était contentée de manger les donuts collants de sucre qu’elle venait d’acheter. Ziva, assise à l’avant, n’avait pas osé converser avec son amie non plus, ne commentant même pas, contrairement à d’habitude, la conduite de Salomée. Lenowe, installé derrière, n’aurait même pas répondu si on lui avait posé une question.
Arrivés devant l’ascenseur du parking, ils furent bousculés par un homme qui en sortit en trombe. Le teint mat, les yeux d’un vert olivâtre, toujours souriant et portant toujours un pull quand bien même on dépassait les trente degrés, il leur était plus que familier. Lenowe, apercevant son équipier, lui adressa un bref sourire, qui disparut presque immédiatement.

[Terminé] When Ice Burns Screenshot-749

« Comme ça fait du bien de te revoir ! Ne refais plus jamais ça, ok ? » S’exclama Elin. Il allait le prendre dans ses bras mais se rappela qu’il n’aurait guère apprécié.
« Ce n’est pas à moi qu’il faut le dire » marmonna Lenowe. Il ne le remercia pas et ne lui suggéra même pas qu’il était également content d’être revenu ; mais cela ne surprit personne.
« Demi-tour, dit Elin en barrant le chemin. Une femme vient de nous appeler pour nous dire qu’elle avait retrouvé son mari mort dans sa cuisine. Pas de manière naturelle. Je pense que vous devriez aussi venir, Madame, ajouta-t-il en s’adressant à Ziva.
-Elin, s’il te plaît, ne m’appelle pas Madame. A tout à l’heure Salomée » dit-elle avant de retourner à la voiture. Elin et Lenowe ne lui laissèrent pas le choix ; elle monta à l’arrière. A cette heure, le trafic était plutôt fluide. Ils empruntèrent la voie rapide et commencèrent à s’éloigner du centre-ville. Elin tenta de poser quelques questions à Lenowe. Il n’obtint que des « oui » et « non » peu enthousiastes et abandonna rapidement. Ziva commençait à se demander si elle n’allait pas sauter hors de la voiture à cause du silence de mort qui régnait, seulement dérangé par le ronronnement de la voiture et la radio qui crachotait, quand ils s’arrêtèrent dans un quartier visiblement neuf. Des maisons géorgiennes en brique rouge et à colonnes blanches longeaient une avenue sans fin. Ils n’eurent pas de mal à trouver la bonne, puisque c’était la seule entourée de voitures de police et de voisins curieux. Deux agents en uniforme discutaient devant la porte alors qu’un autre contenait les badauds à l’écart. Les autres devaient déjà être à l’intérieur.

Ils furent surpris par la propreté de la maison lorsqu'ils pénétrèrent dans l’entrée. Il n’y avait pas la moindre trace de poussière nulle part et les chaussures étaient parfaitement alignées sur une étagère. C’était digne d’un magazine de décoration dans lesquels on ne trouve jamais de bouteille vide sur une table ou de cadre bancal au mur. Une femme parlait à un officier, se triturant nerveusement les doigts. Ce dernier se retourna en apercevant Lenowe et Elin dans le reflet d’un miroir impeccablement nettoyé qui trônait sur un meuble et les salua.

[Terminé] When Ice Burns Screenshot-571

« Voici la femme de la victime. J’ai noté ce qu’elle m’a dit, mais je pense que tu pourrais réécouter, Lenowe. Vous voulez bien recommencer, Madame Martino ?
-Etes-vous obligé de m’infliger ça ? » demanda la petite femme au teint basané et aux longs cheveux noirs ; elle ne devait pas avoir plus de trente-cinq ans. Elle attendit que Lenowe l'écoute avant de continuer à parler.
« Ce matin, je suis partie à huit heures moins vingt emmener mon fils à l’école. Mon mari se levait tout juste quand je suis sortie. Il était bien vivant. D’habitude, après l’avoir déposé à l’école, je pars directement au travail, mais aujourd’hui, j’avais oublié mes papiers à la maison. Donc vers huit heures dix, je suis de retour chez moi. Je suis sûre de l’heure puisque je l’ai entendue à la radio. Je suis retournée dans la cuisine chercher mes papiers qui étaient sur la table, et là… ». La femme se mit à hésiter et sa voix tremblait, mais elle ne pleurait pas. « J’ai découvert mon mari, assis à sa place, son petit déjeuner préparé sur la table. Sauf qu’il…il... enfin... ». Elle avait cette fois l’air terriblement dégoûté et ne put continuer
« On a retrouvé la victime assise sur sa chaise, avec ses yeux dans ses œufs au plat. Des… yeux au plat », chuchota à Lenowe l’officier qui s’était occupée d’elle en premier.
« Vous avez une idée de qui aurait pu faire ça ? Il y a quelqu’un d’autre qui vit avec vous ? lui demanda Lenowe en ordonnant à l’officier de cesser de s'amuser de la situation d’un geste de la main.
-Seulement mon fils, moi et… lui, enfin, plus maintenant. Je n’ai aucune idée de qui a pu faire ça.
-Où travaillait votre mari ? Il était en congé aujourd’hui ?
-Dans l’administration. Au service des permis. Oui, il était en congé aujourd’hui. C’est tellement rare… Je sais que vous allez me le demander, donc : non, je n’ai rien remarqué d’étrange ces derniers temps, ni dans son comportement, ni autour de la maison, ni rien. Et non, je ne crois pas que des gens lui veuillent du mal. Enfin il ne parlait pas trop de son travail à la maison. Ça devait déjà être assez ennuyant comme ça. ». Lenowe distingua une pointe d'énervement dans sa voix, ce qui lui parut quelque peu surprenant.

Il finit de l’interroger et partit au fond, où se trouvait la cuisine. Personne ne fit de remarque au sujet de son retour. Il trouva Elin qui fouillait les placards et la poubelle, un technicien qui prenait des photos pendant qu’un lieutenant discutait avec lui, et Ziva qui tournait autour de la table, examinant le mort. La cuisine était tout aussi impeccable que l’entrée. Pas une boîte de céréales mal rangée, à part sur la table, et pas de placard mal fermé non plus. C’était aussi bien rangé que chez lui, à la seule différence que lui ne dérangeait jamais rien et que les meubles étaient couverts de poussière.
« J’ai rarement vu quelque chose d’aussi tordu, et pourtant… dit l’assistante du médecin légiste. Apparemment, on lui a retiré les yeux et on les a fait frire… Comme des œufs, et on a accompagné tout ça de bacon et de café. Un super petit déjeuner pour bien commencer la journée. Ha, ha" ricana-t-elle cyniquement. "Non, plus sérieusement, je ne sais pas encore comment on lui a fait ça, ni comment on l’a tué. En tout cas, je pense que la femme dit vrai, pour ce qui est de l’heure à laquelle elle l’a découvert.

[Terminé] When Ice Burns Screenshot-525

-Elle m’a dit que personne n’était rentré par effraction. La porte était toujours fermée quand elle est repassée ici et il n’y avait rien qui ait changé de place, lui dit Lenowe. Et où est Dimitri ? Il n’est pas encore arrivé ?
- Il est soi-disant malade ». Elle mima des guillemets avec ses deux index gantés de bleu et regarda en l'air. Le médecin légiste du comté de Twinbrook n’était pas réputé pour sa ponctualité. Ni pour rien d’autre d’ailleurs. C’était donc Ziva qui devait se charger de tout en son absence, ce qui n'était pas pour lui déplaire; non pas qu'elle appréciât travailler seule, mais plutôt que ledit légiste était particulièrement détestable.  « Bon, je pense qu’on va pouvoir l’emmener, dès que les photos auront été prises. Elin, tu as trouvé quelque chose ? »
Il était perché sur une chaise, fouillant le contenu d’un placard. Il avait déjà retourné tous les tiroirs.
« Quel genre de choses je suis supposé chercher ou trouver ? Une cuillère à glace ? Une spatule ? Impossible de savoir s’ils en avaient une avant. Ici ils fournissent pas d’inventaires. »

 
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L'histoire prend une tournure très différente, ce n'est pas pour me déplaire même s'il faudra du temps pour m'attacher aux nouveaux personnages. En tout cas, il me tarde dé découvrir la suite. Smile

 
Inata
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Chapitre 7

Spoiler :

[Terminé] When Ice Burns Screenshot-490

« Un manque de communication pose beaucoup de problèmes, et veut déjà dire qu’il y a un problème quelque part. Ça va être compliqué si tu l’ignores, murmura Salomée.  
-Ouais, mais... tu sais bien qu’on avance dans le noir, ou dans le vide, enfin bref, on s’en fout, ce que je veux dire, c’est qu’aucun de nous n’a une idée de ce qu’il en sera dans trois jours. C’est juste… J’arrive pas à trouver le bon mot. Et c’est pas que je l’ignore, c’est simplement qu’il ne veut pas parler » lui répondit Ziva "Et moi non plus", pensa-t-elle. Elle était peu encline à déblatérer sur sa vie sentimentale plus ou moins chaotique. D'autant plus que Salomée ne paraissait pas la mieux placée pour prétendre pouvoir lui donner les conseils les plus éclairés.
Lenowe débarqua à ce moment-là, poussant la porte de la salle de repos d'un coup de pied. Ziva et Salomée s’arrêtèrent net. Il détestait qu’elles parlent en français entre elles, d'abord parce qu’il ne comprenait rien, quoiqu’il réussisse parfois à deviner le sujet de la conversation à en juger par leur ton, et surtout quand il arrivait à distinguer son prénom qui sonnait très étrange en plein milieu d’une phrase. Elles se remirent à parler en anglais avec une aisance déconcertante.
« Ça va ? lui demanda Salomée, l’air entendu.
-J’ai faim. » Lui répondit sèchement Lenowe en examinant le contenu du réfrigérateur afin de trouver quelque chose à son goût. Quelqu’un dans le service n’aurait pas son sandwich ce midi. Et ce ne serait pas la première fois. Ni la dernière.
Il se retourna, adressant un regard furtif à Ziva, avant de repartir comme il était venu. Salomée posa sa fourchette sur son assiette contenant un chausson surgelé réchauffé au micro-ondes qui avait l'air aussi appétissant que diététique, croisant ses mains devant elle, les coudes sur la table, et observa son amie, dont le visage ne montrait aucune émotion particulière. Elle croisa le regard de Salomée et son expression changea.
"Oui?" Lui demanda-t-elle, la fusillant du regard
"Rien, rien", marmonna Salomée, la bouche pleine..

« Tu as vu la cicatrice sur son bras ? demanda Salomée, l’appareil photo à la main
-Accident de bricolage, avec un taille-haie ou un truc du genre. C’est écrit dans son dossier.  
-Je ne comprends pas. Ce type ne semble rien avoir à se reprocher.  »
Salomée se baissa à nouveau pour prendre un cliché. La porte métallique de la morgue grinça soudain, et Ziva fut surprise de voir Lenowe apparaître (à nouveau) dans l’encadrement et s’approcher, alors que la plupart seraient restés à distance de la table d’autopsie. Il fut accueilli par la familière odeur de désinfectant, et l'autre, plus ténue, de chair en décomposition, qui ne lui avaient pas tellement manqué.
« Qu’est-ce que tu fais ici ? » lui demanda-t-elle, sur un ton qui ne se voulait pas amical.
-Je venais voir si tu avais quelque chose de nouveau.
-Je serais venue dans ton bureau. Autrement, tu n’es pas supposé entrer ici, alors retourne d’où tu viens. Je ne fais d’exception pour personne. » Elle reposa la paire de ciseaux qu’elle tenait fermement dans sa main droite. Lenowe suivit le mouvement de son bras, suspicieux.  

[Terminé] When Ice Burns Screenshot-528

« Quand est-ce que tu auras des hypothèses à me fournir? lui demanda-t-il sans quitter le plateau d’instruments tranchants des yeux.
-Je ne sais pas. » Ziva se retourna et partit chercher une bassine en métal sur une étagère. Ses cheveux, rassemblés en une queue de cheval négligemment attachée, se balançaient doucement dans son dos. La lumière crue du plafonnier creusait ses traits et lui donnait un teint blafard, qui n’était que renforcé par le blanc des murs et de sa blouse, et ses cheveux paraissaient rouge vif. Elle n’avait rien de désirable, surtout compte tenu de ce qu'elle s'apprêtait à faire.  
« D’accord. » marmonna Lenowe. Il resta immobile un instant, observant Salomée qui faisait tant bien que mal semblant d’ignorer la scène, continuant à prendre des photos, et s’en alla en silence.
« Tu es la meilleure pour envoyer les gens se faire foutre gentiment, Ziva » lui glissa Salomée en français, alors qu’il n’avait même pas quitté la pièce. L’intéressée lui fit comprendre par son silence qu’elle n’approuvait pas sa remarque.
« Tu as tout pris en photo ? Il reste ses yeux là-bas, sur la paillasse. Vas les prendre en photo et rapporte les échantillons de sang au labo. »

[Terminé] When Ice Burns Screenshot-530

Ziva attendait sous l’arrêt de bus alors qu’il se mit à pleuvoir à verse. Il ne devait pourtant pas pleuvoir avant la fin de soirée; l'éventualité que l'orage revienne, accompagné par une autre insomnie, la désespérait d'avance. Une voix qui ne lui était pas inconnue, enrouée, avec un fort accent, l’interpella de manière inattendue. C’était la femme de l’homme qu’elle avait autopsié aujourd’hui, mais elle était incapable d'associer un nom à son visage. Elle avait les yeux rouges et gonflés de quelqu’un qui s’empêchait de pleurer quand bien même les larmes lui brûlaient les paupières, et les coins de sa bouche se contractaient nerveusement. La femme sortait très certainement du commissariat situé juste en face.  
« Bonsoir, lui dit-elle très courtoisement.  

[Terminé] When Ice Burns Screenshot-561

-Bonne soirée à vous aussi… Dans la mesure où ce serait possible »répliqua Ziva, condescendante, tout en essayant de se souvenir de son nom. Elle continua à la regarder, attendant peut-être qu’elle continue à parler, quand un gamin sur une trottinette lui percuta le mollet. Il s’excusa à peine et rejoint sa mère, se cachant derrière elle. Son nom lui revient : Laurel Martino.
« Excusez mon fils, dit Laurel. Pour l’instant, je lui ai dit que son père était en voyage d’affaires, et je vais l’emmener chez sa tante. Je ne sais pas quoi faire d’autre, chuchota-t-elle à Ziva. Elle baissa les yeux vers le gamin qui tournait insouciamment autour des jambes de sa mère. Il avait le visage bouffi et poisseux, des miettes de gâteau au chocolat sur le menton et une égratignure sur la joue.
« Gabriel, arrête tout de suite! Vous avez des enfants ? lui demanda Laurel, intriguée par le regard qu’elle portait à son fils, trahissant sa répulsion pour le gamin.  
-Non. » Elle hésita à rajouter « et ça ne risque pas d’arriver de sitôt » mais se ravisa.  
Elle soupira de soulagement en apercevant le bus 23 tourner au coin de la rue. La dernière chose qu'elle avait bien envie de faire était de parler à quelqu'un en tâchant au mieux de faire semblant de s'intéresser à la conversation et de compatir hypocritement à sa peine.  
"Au revoir, Madame Martino", lui lança-t-elle en s'approchant du bus qui s'arrêta devant elle. Personne ne descendit, et elle fut la seule à monter. Il était quasiment vide; elle n'eut pas de mal à trouver une place libre. Elle sortit son portable de son sac pour vérifier que personne ne lui avait envoyé de message – le contraire l'aurait étonné - quand celui-ci se mit à vibrer, affichant le nom de Lenowe sur l'écran. Elle ne l'avait pas croisé depuis son irruption à la morgue plus tôt dans la journée. Elle balaya une mèche de cheveux invisibles de devant ses yeux et appuya sur le petit téléphone vert.

[Terminé] When Ice Burns Screenshot-564

 
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J'avoue être fortement captivée par le décolleté de Ziva sur la dernière image. [Terminé] When Ice Burns 2620358557

 
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Chapitre 8

Spoiler :

« Tu rentres bientôt chez toi ?
-Tu ne n’avais pas dit que tu retournais chez toi ? répliqua-t-elle en insistant sur « toi »
-J’ai oublié mes clés ce matin. Et je dois récupérer ma valise aussi.". Il n'était pourtant pas du genre tête en l'air, mais elle avait bien une idée de la raison pour laquelle il les avait oubliées.  "Je suis devant ta porte et je suis passé à la taqueria d’en face acheter à manger." Il avait marqué un point: Ziva ne dirait jamais non à des tacos, quoiqu'elle aurait été capable de lui arracher le sac des mains et de fermer la porte devant lui, le laissant sur le palier, seul et sans rien à manger.  
-Je viens seulement de monter dans le bus. Tu vas devoir attendre un peu, dit-elle sur un ton qui se voulait  faussement désolé.
-Ok, ok, haleta-t-il, à tout de suite. » Il raccrocha et se laissa glisser par terre, adossé à la porte. Se lancer à la poursuite d’un suspect après deux mois passés à ne rien faire n’avait pas été un choix judicieux. Et le plaquer au sol pour que ce dernier en profite pour lui labourer les côtes à coups de coude non plus. Ses jambes courbaturées ne le portaient plus et seulement respirer était une véritable torture.

[Terminé] When Ice Burns Screenshot-386

Il entendit des pas provenant de la cage d’escalier. Il soupira de soulagement et tenta de se relever, mais ce n’était qu’un voisin de l’étage supérieur qui lui adressa un regard méfiant, tout en continuant de monter les marches, un sac de courses à la main. Lenowe savait lui-même qu’il devait avoir l’air pitoyable ainsi assis sur le paillasson, les jambes à l’horizontale devant lui, mais à quoi bon.
Cette fois, il entendit la porte du bas se refermer, une boîte aux lettres s'ouvrir, suivi du toc-toc régulier des escarpins d’une femme. Cette fois, il ne prit pas la peine de se relever. Ziva arriva sur le palier du premier étage, cherchant ses clés dans son sac sans le regarder.  
« Lève toi si tu veux que j’ouvre. Je ne t'aiderai pas à te relever. »
Il se remit péniblement debout et ramassa le sachet en papier marron tâché de gras qui contenait leur repas.
"Ils n'avaient plus de chimichangas, alors j'ai pris des tacos" dit Lenowe, déçu. Ziva ne réagit pas. Tant qu'elle aurait quelque chose à manger et quelque chose qui l'occuperait suffisamment pour réduire au minimum la conversation, elle s'en contenterait.  

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Une fois rentré, Lenowe déballa les boîtes en polystyrène et saisit une canette de limonade, qui s'ouvrit dans un "pop" et qu'il vida à moitié d'une seule gorgée. Il la reposa sur le comptoir et ouvrit un à un les placards pour trouver des assiettes. S'il n'en tenait qu'à lui, il aurait directement mangé à même la boîte. Inattentif, il grogna de douleur en prenant le coin d'une porte dans le front.
"Il faut reculer avant d'ouvrir la porte", lança Ziva en se débarrassant de ses chaussures. Elle désigna du doigt le placard d'à côté.
"Les assiettes sont là-dedans, si c'est ça que tu cherches. Je peux pas les attraper, de toute façon.
-Ouais, au moins tu ne risques pas de te prendre la porte dans la gueule, toi" marmonna Lenowe avec un petit rictus. Ziva ne lui demanderait pas comment s'était passé sa journée. Elle ne le ferait jamais. Lui non plus, inversement. La seule phrase qu'ils obtiendraient de l'autre serait un regard désabusé et un "A ton avis?" sous-entendant un non catégorique.
Ils commencèrent à manger sans échanger un mot, Ziva essayant de manger son taco d'une manière peu distinguée, n'essayant même pas d'empêcher la garniture de tomber par l'autre côté. Elle fulmina en épongeant la sauce de son assiette avec un morceau de galette.
"Dis-moi, cette sauce va m'arracher la gueule si j'en prends?" Lui demanda-t-il en désignant le pot de sauce au chili qu'elle avait sorti du placard.
"J'en sais rien. Essaie, on verra bien"
"Je ne vais pas prendre de risque". Il ne prit pas non plus le risque de continuer la conversation et reprit un taco tiède.  

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Le repas s'acheva dans un silence qui n'avait rien d'inhabituel, ni de tendu. Leur présence l'un en face de l'autre se suffisait à elle-même.  Non pas qu'il était impatient de rentrer chez lui, Lenowe voulait se débarrasser au plus vite de cette désagréable sensation que ses vêtements lui collaient à la peau. Après avoir posé les assiettes sales dans l'évier, il revint s'asseoir et regarda distraitement son portable.
"Je crois que je vais y aller" dit-il. Ziva n'objecta pas et hocha la tête avec un "Mhh" d'approbation. Il fila chercher ses valises dans la chambre. Lorsqu'il revint, elle s'était levée de sa chaise et tournait autour de la fenêtre qui donnait sur un bâtiment qui n'était que la parfaite copie de celui-ci.  
"A demain" lui dit-il en tortillant entre son index et son majeur une mèche de ses épais cheveux grenat. Elle entrouvrit la bouche, pour répondre ou pour quelque chose d'autre, et le laissa partir, sans même l'accompagner jusqu'à la porte. Il connaissait le chemin.  

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La sonnerie par défaut de son portable, qu'elle n'avait jamais songé à changer, tira Ziva de sa lecture, un insipide roman que Salomée lui avait conseillé. Elle chercha son téléphone à tâtons sur la table et décrocha sans regarder qui l’appelait. Vu l'heure, le nombre de personnes qui chercherait éventuellement à l'appeler était assez restreint.
« C’est encore moi. Tu pourrais venir me rapporter le chargeur de mon téléphone mais surtout le dossier que je devais ramener chez moi mais que j’ai aussi oublié ? »
Ziva regarda à sa gauche et vit une boîte en carton aux pieds de la table. C’était sûrement ce dont il parlait. Cependant elle n'avait aucune idée de l'endroit où se trouvait le chargeur. Elle jeta un œil à l’heure. Vingt-deux heures et douze minutes. Si elle se dépêchait, elle pourrait sûrement être de retour chez elle dans trois quarts d’heure.  
« La boîte grise à moitié défoncée que tu as laissé sous la table ?" Elle n'avait aucune idée de quand il avait bien pu sortir ce carton, ni d'où il venait.
"Oui."

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Elle n’entendit pas sa réponse, masquée par des voix étouffées qu’elle entendant dans le fond. Elle ne saisit pas quelle langue ces voix parlaient, mais peu importe. Il était trop tard pour que sa curiosité soit piquée par quelque chose d'aussi insignifiant.
-Tu peux répéter ?
Il coupa le son de son ordinateur et se redressa, renversant le bol de nouilles instantanées - vide – qui se trouvait à côté de lui. Les tacos de tout à l'heure ne lui avaient visiblement pas suffi.
-Oui, c’est celle-là.
-J’arrive tout de suite » dit-elle à contrecœur.

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***

Lenowe habitait au deuxième étage d’un immeuble du centre-ville, à une quinzainee de minutes à pied de chez elle, mais elle avait préféré y aller en voiture. Arrivée au bout du couloir, elle vérifia qu’elle était devant le bon appartement et appuya sur la sonnette  du numéro 24, dont le numéro négligemment peint au pochoir sur le mur commençait à s'effacer. Il ouvrit non sans difficulté la porte récalcitrante, et recula pour la laisser passer. Il avait la marque d’un oreiller imprimée sur le bras et portait un t-shirt Black Sabbath troué et délavé ainsi qu’un short à carreaux suffisamment court pour révéler les cicatrices qui couturaient sa cuisse gauche. Il débarrassa Ziva de la boîte et des deux gobelets de café fumants qu’elle avait pris en passant – parce qu’elle se doutait qu’elle ne rentrerait pas tout de suite – et l’invita à rentrer. Au fond, elle aperçut son ordinateur portable posé sur son lit, qui formait un halo bleuté dans l’obscurité. Autrement, l’appartement était totalement plongé dans le noir.
"C'est l'affaire sur le gars qui est tombé de son balcon en étendant le linge? L'interrogea Ziva
-Ouais, c'est ça. J'avais pas fini de travailler dessus... Elin m'a dit qu'ils avaient bouclé l'affaire, que c'était un accident comme il en arrive souvent, mais bon, je préférais vérifier."
Absolument rien d'urgent là-dedans. Ziva ferma les yeux et inspira profondément pour garder son calme. Elle regretta d'avoir même répondu à son appel.  
"Au fait, mon chargeur était au fond de ma valise, dit-il en lâchant la boîte en carton au-dessus du lit.
-Ça je m'en étais doutée quand je ne l'ai trouvé nulle part." Elle ne l'avait même pas cherché, à vrai dire.
Il déplaça l'ordinateur portable sur la table de chevet et, assis sur son lit, étala les dossiers en papier kraft sur la couette. Ziva resta debout, à trois mètres de lui, les bras croisés. Elle hésita à rentrer chez elle, et dormir. Lenowe répondit à sa question.
"Reste ici, j'ai besoin de toi." Insista-t-il

 
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Petite chapitre sympathique, j'adore toujours autant tes images. Wink

 
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Chapitre 9

Spoiler :
Soulevant une autre question: "Comment dois-je l'interpréter?". Elle s'assit sur le bord du lit, les jambes tournées vers la porte, le buste tourné vers lui. Il tendit le bras pour poser son portable sur le clavier de l'ordinateur, lui effleurant l'épaule, renversant au passage un tube de comprimés ouvert qui se trouvait à côté, et grommela soudain, comme il en avait l'habitude.
"Qu'est-ce qu'il y a? Soupira Ziva
-...Salopard qui m'a labouré les côtes avec ses coudes pour m'exprimer son désaccord quand j'ai essayé de le coffrer.
-Et alors? Lui demanda-t-elle, un peu acerbe. Bon, fais-voir ça." Elle savait qu'il n'était pas du genre à se plaindre pour un rien ou pour attirer son attention; il était plutôt tout le contraire, gardant tout pour lui jusqu'à ce que cela devienne intenable. Lenowe releva son t-shirt et regarda ailleurs. Il sentit sur sa peau les mains moites de Ziva, rendues sèches à force d'être passées au désinfectant, qu'il voyait parfaitement bien découper minutieusement et avec un détachement déroutant des corps putréfiés. Il trouvait cette idée particulièrement troublante, et, en même temps, électrisante, l'un ayant peut-être un lien avec l'autre. Les dents serrées, il chassa cette idée de son esprit.
"Je suis désolée, mais à part te dire que tu as effectivement un bleu, je ne vois rien" dit-elle. Il tourna la tête et croisa son regard blasé.
Inopinément, il la serra contre lui et lova sa tête sous son menton, fermant les yeux. Il n'avait jamais réussi à comprendre comment elle avait la capacité à rester parfaitement placide et impassable alors qu'elle bouillait intérieurement, il le savait très bien. Elle resta pétrifiée un instant, et finit par libérer ses bras pour les mettre autour de ses larges épaules. Ils restèrent sans bouger un moment qui parut comme de longues minutes. Il ne voulait rien de plus que la sentir contre lui, sentir sa poitrine, qu'il devinait nue sous le t-shirt qu'elle avait enfilé à la hâte, se soulever doucement au rythme de sa respiration.
"Tu me tires les cheveux, lâche-moi s'il te plait." dit-elle d'une manière lapidaire

Il la lâcha, à peine surpris, et se baissa pour attraper une pochette en carton aux coins cornés, portant la mention "Résolu" inscrit au marqueur noir d'une écriture bancale, celle d'Elin.

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"Retournons à ce pourquoi je t'ai demandé de venir." Il feuilleta rapidement le contenu du dossier et s'adressa à elle sans détourner le regard de la liasse de feuilles.
"La conclusion officielle est que la victime est tombée de son balcon du troisième en étendant son linge, parce qu'elle a perdu l'équilibre. Cependant, tu as tenu à ajouter qu'elle avait des hématomes aux poignets. Il y a un quelconque rapport?
-La dernière personne à avoir vu cet homme en vie, un de ses amis, a dit s'être disputée assez violemment avec lui pour des conneries. Elin est sûr et certain que ce n'est pas un meurtre et que ce n'est pas cet ami l'assassin. L'ami l'a peut-être juste empoigné un peu trop fort. Ou c'est un adepte de petits jeux coquins, je sais pas...
-Elin a aussi noté dans un coin que la porte fenêtre du balcon était fermée de l'intérieur, lut Lenowe sans réagir à sa dernière suggestion. Je m'en rappelle de ça.
-Un coup de vent l'a peut-être claquée" rétorqua Ziva, qui le voyait bien venir. Pour lui, ça n'était pas qu'un accident. "Son dossier médical précisait qu'il avait des problèmes d'oreille interne. Il a basculé par-dessus la rambarde, et rien n'indique qu'on l'ait poussé."
Il étira ses bras et lui tendit une enveloppe en papier kraft remplie de photos qu'elle-même ou Salomée avait prises.
"Raconte-moi ce que j'ai loupé."
Elle ne sortit même pas les clichés de l'enveloppe, qu'elle reposa sur ses genoux. Assise en tailleur sur le coin du lit, elle commençait à sentir des fourmis dans ses pieds.
"Ses blessures correspondent parfaitement à une chute du troisième étage. Cause de la mort probable: fracture du crâne ou diverses lésions internes. Pas de blessures défensives, à part des griffures de chat sur ses avant-bras." La précision n'était peut-être pas nécessaire.
"Et s'il avait sauté du balcon? Suggéra Lenowe
-Ça, je n'aurai pas pu le savoir. Si tu veux plus de détails, tu devrais demander directement à Elin.
-Mouais." Il continua à lire en diagonale les rapports raturés de son coéquipier et les compte-rendu signés par Ziva.

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Elle fut brutalement tirée de son demi-sommeil par une chemise en carton pleine à craquer qui s'écrasa sur le parquet, rencontrant un gobelet vide qui s'était retrouvé là lui aussi. La tête du lit lui faisait une barre douloureuse entre les omoplates, et alors que sa jambe droite pendait sur le côté, la gauche était totalement engourdie. Lenowe était profondément endormi sur elle, le visage contre sa cuisse. Elle passa sa main dans ses cheveux et le secoua mollement. Il grogna et tourna la tête vers elle, ouvrant à peine les yeux. La lumière blanchâtre de la lampe de chevet, qui était restée allumée, les aveuglait tous les deux.
"Merde, quelle heure il est?" demanda-t-il, encore somnolent. Aucune lumière ne passait à travers les épais rideaux. Elle prit son téléphone sur la table de chevet et plissa les yeux à cause de la lumière agressive que projeta l'écran lorsqu'elle le déverrouilla.
"Quatre heures sept. Il faut que je rentre, dit-elle
-Tu peux rester, il ne reste que quatre heures avant que je ne me lève." Il était toujours affalé sur elle.
"Je ne peux pas aller bosser habillée comme ça, et en tongs" dit-elle en se désignant d'un geste des deux mains. Elle se débarrassa de lui et se dépêcha de récupérer ses chaussures.
"Claque la porte en partant" lui lança-t-il de manière quasi-incohérente avant de sombrer à nouveau.

You know you're at your wit's end
Downbeat, feckless, there's no fucking way out
Above the void you bend
Rowdy boy, no matter how loud you scream and shout
You're gonna spend another day in hell... Yeah, 'nother day in hell... *

La voix gutturale de la chanteuse du groupe dans lequel il avait joué il y a de cela une éternité le tira de sa léthargie. Il se demandait encore pourquoi il avait choisi cette chanson comme alarme, mis à part le fait que le blastbeat convulsif de l'intro à la batterie le mettait dans une fébrilité indicible. Pas besoin d'entendre répéter qu'il allait encore devoir affronter la même journée que la veille et qui serait le même enfer le lendemain, et ainsi de suite. Il se rappela aussi qu'il devrait penser à appeler Jana, ou à lui envoyer un message, histoire de savoir comment elle s'en sortait avec le groupe. Lenowe saisit le téléphone et le lança sous son oreiller. Il avait la bouche sèche et les cervicales douloureuses. Il fallait qu'il arrête de dormir dans des positions inconfortablement improbables.

[Terminé] When Ice Burns Screenshot-499

Lenowe se leva laborieusement et partit dans la cuisine. Il n'eut pas le privilège de ne pas savoir quoi préparer pour le petit déjeuner: il ne restait qu'une boîte de préparation pour pancakes au fond d'un placard et un sachet de petits pois surgelés dans le freezer. Il versa mécaniquement de l'eau dans un bol et ajouta la pâte à pancakes. Une nuée de gens s'affairait sur l'avenue en-dessous de sa fenêtre, se dirigeant hâtivement pour les uns, tranquillement pour les autres vers la gare à deux pas de là. Il se demanda s'ils étaient satisfaits de leur routine quotidienne, tous les jours surpris par quelque chose de nouveau, ou bien si eux aussi avaient l'impression que tous les jours se ressemblaient résolument trop. C'était le principe même de la routine, songea-t-il. Lenowe déversa une louche de pâte dans la poêle et repartit dans la chambre récupérer son téléphone, pour envoyer un mot à Jana avant qu'il n'oublie. Il avait déjà oublié son anniversaire; de toute façon, Jana avait aussi oublié le sien.
"Saloperie de pancakes!" Maugréa-t-il entre ses dents en sentant l'odeur de beurre roussi. Il rattrapa son erreur en retournant la crêpe et mit une capsule dans la machine à café.

Il s'assit enfin devant une assiette de pancakes fades sans consistance et d'une tasse de café fumante. L'écran de son portable indiquait un appel en absence provenant de sa sœur, à cinq heures du matin. Il fit un rapide calcul: cela donnait quelque chose comme midi chez elle. Ellika – qui préférait, pour une raison au choix très simple ou très complexe qu'elle et son frère n'évoqueraient pas, qu'on l'appelle Elisha - lui avait laissé un message. Un sobre "Il faut qu'on parle, c'est important". L'impersonnalité et la froideur du message ne lui permettaient pas de savoir ce dont il en retournait. Il l'appellerait quand il aurait le temps, après avoir été piller le supermarché le plus proche. La liste des choses qu'il fallait qu'il fasse ne cessait de se rallonger.

[Terminé] When Ice Burns Screenshot-493

* Traduction qui veut plus rien dire: Tu sais que tu es au bout du rouleau
Abattu, bon à rien, il n'y a pas d'issue
Tu te penches au-dessus du vide
Bagarreur, peu importe comment tu te débats
Tu vas passer encore un autre jour en enfer, oui, encore un...

Maintenant que je vais avoir un peu plus de temps je vais essayer de poster plus souvent, peut-être un épisode toutes les deux semaines, autrement dans trois ans j'y suis encore. [Terminé] When Ice Burns 2620358557

 
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Le rythme est toujours aussi lent mais la lecture reste fluide et agréable. Smile

 
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