[Abandon] Youngblood - Challenge des 100 bébés

Willow Creek est un quartier magnifique. Je ne peux m'empêcher de regarder par la fenêtre du taxi la bouche ouverte, en sortant des "ohhhhh" ou des "aaaaaah". Le chauffeur sourit, il ne doit pas être surpris.
C'est une de ces villes familiales où les enfants jouent dans le parc et où tout le monde vit en paix. J'ai bien fait de venir habiter ici. Jusqu'à présent, je ne regrette rien : j'espère que cet état d'esprit va durer.
Plus que quelques rues. Je suis exténuée. Je ferme les yeux et pose ma tête contre la vitre en repensant à tout ce qui m'a poussé à déménagé.

Je n'ai jamais eu une vie compliquée. Il y a quelques années, je vivais à Bridgeport avec ma mère et mes deux grandes sœurs. J'étais au collège, Anna au lycée et Alice en BTS. Notre mère avait encore son travail de serveuse, et, même si parfois les fin de mois étaient compliquées, notre situation était idéale.
Je repense à la fois où maman est rentrée du travail, affolée, au bord des larmes. J'ai été renvoyée dans ma chambre tant dis qu'une réunion de famille avait lieu dans le salon. Je n'étais pas invitée. D'après maman, j'étais trop jeune.

Anna a pleuré. Alice a prit sûr elle mais elle n'était pas en forme. Quelques semaines plus tard, nous déménagions : encore aujourd'hui, je ne sais pas pourquoi.
Notre arrivée, à toutes les 4, dans une minuscule ville en Caroline, a fait du bruit. Les gens nous appelaient les citadines et nous évitaient. Ce que je peux comprendre : imaginez, vous habitez dans un petit patelin où tout le monde se connait et là débarque une femme de 40 ans sexy avec deux filles super canons, blondes en bien formées. Et ouais, notre arrivée faisait très Tamara Drew.
Je n'ai pas eu ce problème, vu que j'étais encore jeune. Je ne suis pas laide, mais je suis... La moins belle des trois.

Au final, les gens ont finis par se calmer quand ils ont remarqués que l'argent ne coulait pas à flot. Maman faisait le ménage chez les gens. Et puis Alice est partie alors qu'elle venait de trouver un super boulot d'assistante vétérinaire (ce qui pouvait grandement nous aider financièrement) pour faire un road-trip avec son copain qu'elle connaissait depuis quelques mois.
Maman était bouleversée. Anna et moi, on était remontées contre elle, contre la façon dont elle nous a abandonnée. Cependant, ma soeur a finit par se calmer, et, dès que le sujet revenait pendant les dînée, elle répétait "En même temps, on peut comprendre...".. Je ne savait pas de quoi elle parlait.
J'ai pourtant fini par le savoir le jour où Anna est partie à son tour, juste après avoir eu son BAC.
Le deal qu'elle avait fait avec maman était de rester au moins un tout petit peu après son diplôme, mais, juste après les résultats, une dispute a éclatée. Une nouvelle fois, j'ai du retourner dans ma chambre.
Le lendemain Anna, ma chère soeur avec laquelle je m'entendais si bien, avait fait ses bagages, ma dit au revoir. Elle est partie vivre à Windenburg, une petite ville pas très loin de là où je suis actuellement.

Vous comprenez qu'après ça, ma mère était démontée. Je suis restée avec elle jusqu'à mes 20 ans et j'ai pu l'aider du mieux que je pouvais avec des petits boulots. Quand je lui ai dit que je partais, je la sentais triste, car même si elle m'avait fait la promesse de ne rien dire quand je voudrais à mon tour quitter le cocon familiale, elle avait fini par espérer que je ne parte pas.
Elle m'a aidé à trouver une maison. Maintenant, elle doit se débrouiller seule, mais, puis-ce qu'elle n'a plus de bouches à nourrir, je ne m'en fais pas pour elle.
Maintenant, je dois me débrouiller, moi !

Pendant mon adolescence, je me suis parfois sentie très seule. C'est pourquoi j'adorais faire du baby-sitting. J'adore les enfants, encore plus que mes deux passions : la peinture et les romans à l'eau de rose.
Je ne sais pas ce qui m'a poussé à faire ce défi. Peut-être parce que je sais que les hommes ne sont que des lâches qui finissent par tout abandonner, un peu comme mon père, parti alors que j'étais toute petite?
Non, pourtant, je sais bien que tous les hommes ne sont pas comme ça.

C'est en fouillant des sites proposant des maisons à Willow que je suis tombée sur le Challenge. Il disait que le but était d'avoir beaucoup d'enfants de pères différents. Il disait que le but était d'en avoir 100 sur plusieurs générations. Il disait qu'il permettrait à mes enfants de toucher un bel héritage, en plus d'une belle famille.

ça peut paraître fou, mais on voit de tous, dans le SimsLand.

Grâce à ce défi, mes enfants ne connaîtront pas la solitude.

C'est pour ça que je me suis lancée.

- Nous sommes arrivés, dit la voix du chauffeur qui m'extirpe aussitôt de mes pensées.

Il m'aide à descendre mes bagages, je le paye et il s'en va. La maison est aussi belle qu'en photo. Pour ce qui est du mobilier, c'est ma mère qui a tout géré, y comprit le camion de déménagement. Tout est prêt pour que ma vie soit un rêve...

J'ai eu raison de faire confiance à ma mère. La maison est magnifique.

Je suis Ambre Youngblood. Je n'ai pas de métier, je vis de mes toiles et bientôt, je serais la mère la plus connue de la région. Je me moque de ce que les autres pensent... enfin, je vais essayer de m'en moquer. Mes enfants m'aimeront. J'aimerai mes enfants et ma vie sera parfaite.

Ma mère m'a même offert de nouveaux livres ! Après avoir peint pendant une bonne heure, je me plonge dans le roman. Je suis à fond dedans, mais la sonnette me ramène à la réalité. Je bondis de ma chaise pour aller ouvrir la porte.

- Bonjour. Nous sommes vos voisins. Je m'appelle Travis, devant moi, c'est Liberty et Summer arrive avec un petit cadeau de bienvenue. Nous pouvons entrer?

- Bien sûr, fais-je en remarquant que Liberty ne s'est pas gênée et entre d'un pas traînant. Enchantée de faire votre connaissance.

Summer, Liberty et Travis sont mes voisins d'en face. Summer est très jolie et très gentille. Travis est drôle et sincère. Qu'en à Liberty... On dirait qu'elle n'est pas très heureuse d'être là.
Nous discutons quelques heures. En fait, je parle plutôt à Travis, qui veut tout savoir sûr moi. Je suis gênée. Je n'ai rien à cacher, donc je parle juste des grandes lignes. Née à Bridgeport, je vivais à Twinbrook. J'aime peindre.
Il ne parle pas beaucoup de lui, mais je remarque qu'il est très à l'aise en public et je suis certaine qu'il est de nature extraverti. Son métier de gourou de technologie le passionne et c'est un geek. Enfin, il m'apprend qu'il est sûr de lui.
Je suis heureuse d'avoir fait sa connaissance.
Bon, Liberty, quand à elle, est fermée comme une huître.

Au moment de partir, Liberty me lance un regarde de tueuse. Elle, je ne m'en ferais pas une amie, c'est clair.

Alors que je peint, histoire de faire rentrer un peu d'argent parce que malheureusement je n'en ai pas des masses, la tristesse me submerge en repensant au défi. Je dois avoir des enfants le plus tôt possible et Travis est quelqu'un de génial. Sauf que je ne dois pas tomber amoureuse. Je ne l'aime pas, bien sûr, je ne le connais que depuis quelques heures, mais puis-ce que je dois avoir des enfants, je lui laisse un message disant de venir immédiatement. ça me rend triste, mais je vais devoir mentir.

Plus mon petit manège avance, plus Travis est adorable, plus j'ai mal au coeur. Il est arrivé à peu près 5 minutes après mon message, pensant que quelque chose de grave c'était produit (il faut dire que mon message n'était pas vraiment précis). J'enchaîne les phrases de drague, les blagues salaces, les roses. Travis ne dit pas non.

C'est pourtant lui qui fait le premier pas en me prenant dans ses bras et en m'embrassant. J'aime cette sensation, mais je sais qu'elle sera vite terminée et que tout sera terminé entre nous d'ici, disons, quelques heures.

Je suis dégoûtée, pour moi, pour lui. Je crois que c'est finalement maintenant que je regrette. Je refoule cette pensée loin de moi. Travis me sourit, alors j'en fais autant.

- Ambre? Tu vas où? me demande t-il d'une voix mielleuse qui m'insupporte.

- Je reviens tout de suite.

- Travis. Je suis enceinte.

- Quoi?

Voilà, c'est fait. Je suis enceinte. Je suis enceinte ! Je repense aux enfants que je berçais quand j'étais ado. Maintenant, je suis enceinte ! Bientôt, je bercerai mes propres enfants. Voilà qui me remonte le moral.

- C'est une super nouvelle ! dit Travis, réaction que je n'envisageais pas. Je sais qu'on se connait seulement depuis quelques heures, mais je t'aime, Ambre. Je te promet que je vais t'aider à élever ce bébé.

J'étais heureuse, quand j'ai appris que j'étais enceinte. Maintenant, cet abruti me crève le coeur avec ses stupides promesses. Il m'aime, mais je ne l'aime pas, et je ne peux pas l'aimer.
Cet enfant est le mien, pas le sien. Il n'en voulait pas, point barre.

- Travis. Je suis désolée. Je ne t'aime pas. Tu es adorable, intelligent, gentil, j'en passe. Tu mérites mieux. Et puis, je ne peux pas...

- Quoi? Mais je te promet que je veux t'aider ! Pourquoi tu ne peux pas?

- Ce n'est pas ça, le problème. Je ne peux pas, c'est tout. Au revoir, Travis.

Je ne peux juste pas t'avouer que je suis une traînée.

Je suis enceinte ! Cette pensée est vachement plus rassurante que la pensée type "Je suis une traînée".  Je ne dois pas culpabiliser, je ne lui ai jamais rien promis. Il a le droit d'être triste. Il passera à autre chose. En attendant, je vais avoir un bébé, et je suis heureuse. (et potentiellement affamée)

Je prend ma douche. J'éteins les lumières.
Je suis déjà endormie.